Sur notre site, un article titrait: en août: L"Amazonie est en feu".
Les feux qui détruisent la forêt amazonienne, les plus intenses depuis le début de la décennie, mettent un peu plus en péril la biodiversité foisonnante de cet écosystème si précieux, ainsi que le milieu de vie de populations aux traditions bien différentes des nôtres.
Selon les scientifiques de l’Institut national de recherche spatiale du Brésil interrogés par Science, pas de doute : l’ampleur inédite (depuis 2010) des feux qui ravagent actuellement la forêt amazonienne est due à la déforestation. Les chercheurs fondent leurs conclusions principalement sur les images de deux satellites de la Nasa, Terra et Aqua.
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Bien évidemment, la catastrophe qui touche l’Amazonie a un impact sur la biodiversité. Or, celle-ci compte parmi les plus abondantes, et les plus diversifiées, de la planète.
Cette biodiversité a été largement façonnée par les sociétés précolombiennes. Jean-François Molino (IRD Montpellier), Mickaël Mestre (Inrap Cayenne) et Guillaume Odonne (CNRS Cayenne) nous l’expliquaient dans un article paru en septembre 2017, où ils détaillaient les résultats d’une étude fondée sur les données collectées par un réseau de 200 scientifiques de 17 pays différents:
Après avoir identifié 85 espèces d'arbres considérées comme domestiquées ou semi-domestiquées par les populations amérindiennes pour leurs fruits, leur huile ou d'autres productions spécifiques, Carolina Levis et ses collègues se sont aperçus que 20 d'entre elles, soit près du quart, sont hyperdominantes. Deux hypothèses (non totalement exclusives) pourraient expliquer cette proportion, trop importante pour être le fruit du hasard. Selon la première, les Amérindiens ont domestiqué ces espèces parce qu'elles étaient naturellement abondantes. Selon la seconde, ils les ont cultivées ou favorisées au point qu'elles sont devenues hyperdominantes. Une analyse plus poussée a alors fourni des éléments en faveur de cette dernière hypothèse. En comparant la répartition de ces 85 espèces domestiquées avec celle des vestiges archéologiques recensés en Amazonie, les chercheurs ont constaté que leur proportion locale est d'autant plus grande que la densité d'implantations humaines précolombiennes est élevée.
Parmi les autres richesses de l’Amazonie mises en péril par ces incendies et la déforestation, il y a également les civilisations amérindiennes – des centaines de femmes indigènes ont d’ailleurs manifesté mi-août, à Brasilia, afin de protester contre la destruction de leur milieu de vie.
Vignette: Feux détectés en Amazonie par les satellites Terra et Aqua entre le 15 et le 22 août © NASA Earth Observatory/Joshua Stevens
Rappel:
En 2017, un article "La domestication a façonné les forêts amazoniennes" évoquait cette forêt façonnée par ses habitants humains.
Commentaires
Des fouilles archéologiques dans la partie brésilienne de l'Amazonie laissent peu de place au doute: la région était densément peuplée il y a plusieurs siècles.
https://www.geo.fr/histoire...