Le jardin de l'Espérance : un jardin-forêt comestible, oasis de diversité

Publié le 11/04/2023

En l’espace de 8 ans, Tiphaine a transformé un ancien champ de 350 m² en un lieu de vie dans un petit village de Beauce. Pour elle, ce n’est pas vraiment un jardin, mais plutôt un « joyeux bazar végétal », ayant pour objectif d’associer lieu d’accueil pour la faune et de production, au plus proche du Vivant. Dans son Oasis Nature, tout est mélangé, étagé, verticalisé autant que possible pour gagner de l'espace, avec toujours une place pour le sauvage et le spontané. Apprenez-en plus sur l’Oasis Nature de Tiphaine, également refuge LPO ! Voici son témoignage :

Ce terrain a d'abord été aménagé avec une partie des plantes de notre précédent jardin, qui ont déménagé car sinon vouées à être détruites. Notre gingko biloba, nos hellébores, les weigelias qui ravissent les butineurs à la belle saison, les arums d’Ethiopie ou encore notre noisetier tortueux et le vieux (mais si généreux) figuier ont été parmi les premiers végétaux à prendre place.

Nous avons complété avec des fruitiers, désormais au nombre de seize. Cerises, figues, pommes, poires, arbouses, abricots, pêches, mirabelles, prunes, aronies, noisettes... en partage avec la faune.

Les petits fruits ont été ajoutés (mûres, groseilles, fraises, framboises, goji…), mais également des vignes. Depuis 3 ans, j'intègre progressivement les légumes perpétuels (ail des ours, chou Daubenton, crosnes, ocas, roquette sauvage, ciboule de Chine, chénopode Bon Henri, mertensies, oseille épinard, plantain corne de cerf…).

Un bassin a été créé. Il se compose d’un système à 3 niveaux dont une cascade. La vie n'a pas tardé à se diversifier encore plus avec grenouilles, libellules et demoiselles, c'est l'abreuvoir et le bain de nombreux oiseaux mais aussi… des guêpes !

On y trouve également des comestibles comme le lotus et la vanille d'eau.

Des zones fleuries réalisées en semis sous couvert sont enrichies chaque année : engrais verts, fleurs annuelles diversifiées, pour les pollinisateurs, mais aussi pour que chaque insecte y trouve sa place.

Plus j'ai diversifié, plus j'ai accueilli, plus les chaînes alimentaires et de reproduction se sont imbriquées. Des fourmis qui élèvent les pucerons, qui eux-mêmes vont nourrir les coccinelles, syrphes, trombidions soyeux, ou permettre aux micro-guêpes de se reproduire en parasitant les adultes. Ce sont des chaînes formidables à observer depuis la vie du sol, des classiques vers aux collemboles bien plus discrets, de la taupe à la musaraigne, des papillons aux abeilles, qui finissent parfois en proies pour les araignées.

Ici, nul besoin de travail du sol, de traitement quelconque, ou d'intervention sur des populations de « ravageurs ». Chacun trouve sa place y compris les punaises, mulots et souris… Les éperviers d'Europe, les buses variables et les chouettes apprécient ce terrain de chasse !

Rondins et planches de bois sont disposés ici et là pour servir de cachettes (les gastéropodes apprécient), des tas de pierres sont laissés pour les lézards, les hérissons ont investi la terrasse en bois surélevée pour en faire leur abri en creusant des entrées par-dessous. Les crapauds font quelques passages à l’automne.

Pigeons, tourterelles et merles nichent dans les grands arbres, et même dans les jardinières en hauteur. L’accueil des oiseaux est complété avec des nichoirs. Mésange, rouge-gorge, chardonneret élégant, rouge-queue noire, pic épeiche, bergeronnette grise, pinson des arbres, les visiteurs sont nombreux. D’autres végétaux ont été plantés à leur intention : sureau noir, fusain d’Europe, cornouillers, épine-vinette, lierre… Un spectacle de vie qui a de quoi ravir nos yeux !

_________

Photos : Tiphaine R. pour Humanité et Biodiversité