Écrire et raconter notre Oasis Nature de rêve !
Publié le 01/08/2023
Humanité et Biodiversité a récemment créé un atelier d’écriture à destination, dans un premier temps, des résidences séniors du Groupe Domitys, membre du Réseau Oasis Nature et partenaire de notre association. Mais pourquoi se concentrer sur l’écriture ? Tout simplement parce qu’elle permet d’inscrire dans le temps et l’Histoire nos observations, nos réflexions, nos rêves et nos impressions. En l’occurrence, elle permet aussi de diffuser la connaissance des personnes séniors, qui ont été témoins à l’échelle de leurs vie de l’effondrement de la biodiversité, en ayant parfois vécu une enfance au milieu d’une campagne ivre de vie, pleine d’insectes et d’oiseaux, loin du sol bétonné. Sous la forme de poèmes, de récits ou en prose, découvrez quelques écrits des séniors qui ont participé à l’atelier.
Depuis plusieurs mois, Marie Sénelé, notre assistante animation Oasis Nature chargée d'animer cet atelier, a donc rendu visite aux résidences Domitys de Concarneau, Perpignan, Laillé, La Tremblade, Pérignat ou encore à Montrond-les-Bains. L'objectif ? Inviter les résidents et résidentes à coucher sur le papier la vision qu'ils et elles se font du jardin de leur rêve ! Un beau programme qui a rencontré du succès auprès des participant.es , et dont vous pouvez lire quelques extraits ci-dessous. Les participants et participantes ont pu s'inspirer de tableaux représentant des jardins dont on vous partage également les images.
EXTRAITS *
Colette :
Le merveilleux potager de Tonton Claude et Tante Laurence. Dans mon souvenir, il est riche d’une mare d’eau vive, habitée de tritons dits “bibiphenoms” par ma tante, et de libelulles dont j’aperçois une larve sortir de là et s’envoler. Le potager que je visais avec mon arc, je plantais les flèches dans les choux et les pommes, on retrouvait ensuite les pointes de bic dans la soupe ! Et je me rappelle où j’ai entrepris de planter la luzerne qui nourrissait les lapins. Le grenier était plein de cette luzerne sèche et des pommes stockées. J’allais lire parmi les lézards et grimpait parmi les arbres fruitiers, on se jetait des pommes les uns sur les autres !
Catherine :
“Un jardin de rêve
Que faut-il pour rêver ?
Du silence, du silence, de l’espace et soudain le trille d’un pinson
Un pinson ? une alouette ? Une alouette je ne sais pas, un oiseau, des couleurs bleu vert rouge, un pic vert ? sûrement pas. Un bouvreuil ?
Je ne connais rien aux oiseaux, je ne connais rien à leur chant. Mais qu’importe. Ils chantent et je rêve. C’est beau comme une symphonie de Mahler. Rythmé par leur chant, le bruit du vent, aux berceuses violoncelle. Je m’endors. Je m’endors et je rêve de prairie, de coquelicots plantés de bleuets. Tapie comme à l'affût, une marguerite qui sourit. Des effluves de jasmin flottent dans l’air. Kaléidoscope de couleurs. Éclate soudain le jaune intense d’un rhododendron, le rose d’un laurier rose.
Je m’endors, mon esprit vague. Le jardin se transforme, des nymphéas flottent devant mes yeux, le clip d’une sauterelle, le jardin devient japonais, calme, harmonieux, équilibré.
Un cri soudain, je me réveille, c’est un coucou.
Le soleil illumine l’espace, reflet d’argent sur les tours qui m’entourent.
C’est Paris, le rêve est dans ma tête, derrière mes yeux. L’espace, le silence, il est partout, il est en soi.”
Marie-Claire :
“Jardin merveilleux
Le printemps s’illumine
Un oiseau pépie
Une rose s’ouvre
C’est l’été qui s’annonce
Et l’air embaume
Les lilas s’ouvrent
Blancs et mauves emmêlés
La nuit est tombée
L’oiseau est perché
Une branche se penche
Moment suspendu
Tulipe noire
Ta couleur nous émeut
Durée éphémère
Une haie s’anime
Le Rossignol est heureux
Que son chant perdure
Jardin idéal
Tu restes dans nos cœurs
Et notre mémoire”
Jardin de la casa Soralla, Joaquin Soralla (1919)
Denise :
“Un “jardin secret” C’est de l’amour que l’on plante - de l’amour pour la terre, du respect, du travail, de la fatigue. Le plaisir de voir éclore ce que l’on a planté (ou déception si cela échoue on réessaye). De subtiles parfums, des plantes aromatiques. Le thym, le persil, la ciboulette, le laurier que l’on utilise avec bonheur dans la cuisine. Des couleurs qui vous accueillent et que l’on vient saluer - surprise quelques fois !”
Ginette :
“Dans mon jardin de rêve
Il y a tout ce que j’aime
des roses, des marguerites
dont toutes les choses qui me plaisent
et il y en a beaucoup
et pour que tout m’apaise
j’y vais très souvent, assise sur mon banc
à contempler les papillons
ainsi que les oiseaux
comme c’est beau ces moments
lorsque vient le printemps
oh quelle merveille avec les rayons du soleil”
Jean :
“Un jardin de rêve ?
Traversé par un ruisseau chantant, des oiseaux chantant eux aussi et, bien-sûr, des fleurs. Qui dit fleurs dit odeurs et couleurs, mais il faut aussi des arbres aux feuillages croisés. Certains perdent leurs feuilles quand d’autres gardent leur verdure. Mais, il faudrait aussi vu mes conditions physiques et mes connaissances en la matière, un excellent jardinier…sans oublier un petit pont pour traverser le ruisseau.”
Annie :
“Un jardin de rêve… qu’on veut bien faire partager.
En attendant le prochain repas bucolique, allons acheter chez la marchande de légumes et de fruits, des produits peu las d’être transportés. Je rêve d’un petit jardin au fond d’une cour pour moi toute seule… Utopie !
Ne désespérons pas ! Quelques personnes se réveillent et se jouent de profits fabuleux, apporteraient dans le futur une biodiversité bien pensée. La génération nouvelle pourrait en profiter.”
Dominique :
“Mamy, tu vas faire une tarte aux légumes ? Papa a planté ce printemps des salades, des blettes, des courgettes et des aubergines et la serre aux tomates croulent de ces fruits bien mûrs. J’ai faim et ça sent si bon dans la cuisine.
Un panier au bras, accompagnée de mon aide cuisinière, nous avons cueilli tous les ingrédients nécessaires à l’élaboration d’un chef d'œuvre de couleurs, de goûts et de senteurs. Et peut-être un peu de crème ?
Qu’il est agréable de récupérer ces légumes tout frais, gorgés de soleil et ayant poussé dans un sol simplement alimenté par le fumier de cheval et le compost de la maison.
Vite une jolie nappe à carreaux rouges et blancs sur la table, de simples assiettes blanches ne gâchant pas l’harmonie de cette préparation, une eau fraîche de la petite source d’en bas et une heure de plaisir gustatif et convivial.”
Jardin cottage, Gustav Klimt (1905)
Monique :
“Mon jardin secret, là où je suis bien, juste avec moi-même. Le jardin d’Eden, jardin de la tentation, du plaisir. Les jardins ouvriers, endroit où tous les amoureux de la nature d’eux et utiles pour la survie de tous, bien lotie après avoir cultivé un jardin de taille moyenne qui promet les légumes de mon choix bondé de nos haies de groseilles, cassis et framboises. Je me retrouve à ce jour avec des souvenirs de bêchage, d’entretien, de cueillette. Des rêves de nature en fait. Alors si par magie il était permis d’imaginer mon jardin idéal, les idées abondent. Autour d’une percée d’eau où se cachaient une grenouille et des nénuphares, protégé par des roseaux et des herbacées. Je regrouperai mes petits et arrières petits enfants assis sur un tapis d’herbes variées, de mauves, de bons fruits ou pâquerettes selon la saison et là on découvre la petite fourmi qui escalade la jambe d’Arthur, et le papillon qui volette autour du nez d’Alexandre, et on voit Adam mordiller un brin d’herbe. Oui, ce jardin ne serait pas un jardin à la française aux allées très alignées, au gazon bien tondu mais une oasis de verdure où la nature serait heureuse d’exister à l'abri des pesticides et autres poisons de notre génération actuelle.”
Conclusion
Notre atelier a donc permis aux résidents et résidentes de prendre une heure de leur temps pour se remémorer leurs souvenirs, déclarer leur amour à la nature et ce qu’ils/elles aiment ou aiment moins dans leurs jardins..
Nous espérons que ces ateliers seront le terreau fertile de nouvelles initiatives et de nouvelles relations que les résidents et résidentes entretiendront avec leur Oasis Nature !
Nous avons besoin des mots et des témoignages des générations anciennes pour reconstruire un futur pour la biodiversité, qui sera à la hauteur du passé ; comme l'entend peut être la citation de l'écrivain Pascal Quignard : "Écrire, c'est entendre la voix perdue" (Le Nom sur le bout de la langue, 1993).
* Certains prénoms ont été modifiés
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