Les abeilles sauvages en France
Publié le 28/04/2025
Après les premières fleurs qui annoncent le retour du printemps, ce nouveau Zoom Espèce vous présente les abeilles sauvages qui profitent de leur nectar, et qui assurent la pollinisation des fleurs tout au long de l’année. On compte en France plus de 1 000 espèces sauvages, qui vivent pour la grande majorité de façon solitaire. Une lecture qui vous montrera la grande diversité de ces petits insectes pollinisateurs.
Description
Tout d’abord un petit rappel sur la pollinisation : il s'agit du transfert, par les insectes, du pollen (grains produits par les étamines, organes mâles d'une fleur) vers le pistil (organe femelle, souvent le stigmate) et permettant la fécondation et donc la formation de graines et de fruits.
Dans le monde, 80% des plantes à fleurs sont pollinisées par les insectes pollinisateurs. 90% des plantes sauvages et 75% des cultures dépendent de la pollinisation.
Les abeilles font partie de l’ordre des hyménoptères à l'instar des guêpes, des bourdons ou encore des fourmis. En France, on compte pas moins de 8 500 à 9 000 espèces d’hyménoptères !
Ce derniers sont généralement dotés de quatre ailes membraneuses couplées en vol et de pièces buccales du type broyeur-lécheur. La tête est séparée du thorax par un cou très mobile.
Bourdon terrestre (Bombus terrestris), © Pixabay
Parmi les abeilles sauvages, il en existe près de 1 000 espèces en France, 2 000 en Europe, et 20 000 dans le monde ! La quasi-totalité des individus vivent en solitaire, et seules certaines espèces du genre Lasioglossum ou Halictus peuvent présenter une forme de vie semi-sociale, avec une femelle dominante (quasi-reine) et quelques ouvrières.
Certaines espèces solitaires, comme la Collète du lierre (Colletes Hederae), peuvent se regrouper en « bourgade » en constituant leurs nids individuels côte-à-côte.
Bourgade de Collètes du lierre © Notre Nature
Concernant leurs milieux de vie, 70% des abeilles sauvages sont terricoles. L’Anthocope du pavot, (Hoplitis papaveris), ou l’Andrène vague (Andrena Vaga), entre autres exemples, font leurs « nids » dans le sol.
30% d’entre elles sont donc cavicoles, c'est-à-dire qu'elle élisent domicile dans du bois mort, des tiges creuses ou à moelle, des anfractuosités au sein de la pierre ou des vieux murs… L’Osmie cornue (Osmia cornuta) ou l’Abeille charpentière (Xylocopa), sont des exemples d'abeilles cavicoles.
Andrène vague © Flickr | Abeille charpentière © Gerbeaud.com |
Les abeilles sauvages ont des formes et des couleurs très différentes. Certaines sont de couleur vive telle la Nomade jaune (Nomada goodeniana) et sa couleur jaune et noir qui lui donne des airs de guêpe. D’autres sont plus imposantes comme l’Abeille charpentière (Xylocopa violacea), la plus grosse abeille d’Europe. Elle ressemble à un gros bourdon noir avec des ailes aux reflets bleu/violet. Elle émet un bourdonnement assez puissant, ce qui peut impressionner au premier abord (au-delà de sa taille) alors qu'elle est pourtant totalement inoffensive pour l’homme !
Andrène de la scabieuse (Andrena hattorfiana). © INPN | Nomade Jaune (Nomado goodeniana) © Jardin du Marais Poitevin |
Osmie cornue Osmia cornuta © Les dorloteurs d’abeilles | Andrène fauve, Andrena fulva. © INPN |
Mélecte deuilMelecta luctuosa © Observation.be | Abeille cotonière Anthidium manicatum © INPN |
Écologie
Comme chez les abeilles domestiques, le vol nuptial des abeilles sauvages est de rigueur pour leur assurer reproduction et survie.
Les mâles émergent au printemps de leur cachette hivernale et cherchent activement des femelles pour la fécondation. Le rôle des mâles est uniquement lié à la reproduction. De plus, ils ne survivent pas après la reproduction car leurs organes reproducteurs se détachent et restent dans l'abdomen des femelles.
Osmie cornue (Osmia cornuta) © Quelestcetanimal
Une fois l’accouplement effectué, la femelle cherche des cavités pour pondre ses œufs sur du pollen qui servira de nourriture pour la larve lorsqu’elle éclora. Les larves se développent à l’intérieur de la cavité et passent par plusieurs stades de développement avant de se "nymphoser." Une fois complètement nourries et développées, elles se transforment en nymphes dans des cocons de soie. Ces nymphes donnent naissance à des adultes à la fin du printemps ou au début de l'été.
Certaines espèces adoptent des stratégies particulières comme les abeilles du genre Megachile (abeilles coupeuses de feuilles), qui utilisent des morceaux de feuilles pour séparer les cellules du nid, ou encore l’Anthocope du pavot qui a besoin de pétales de coquelicots pour tapisser son nid dans le sol, etc.
Anthocope du Pavot (Hoplitis papaveris) © Plantes et santé | Mégachile (Megachile) © INPN |
Plantes et abeilles sauvages, des relations privilégiées
Fruits d’une coévolution apparue il y a au moins 280 millions d’années, les relations entre plantes à fleurs et insectes pollinisateurs ont engendré des interactions extrêmement diverses et complexes.
Certaines espèces sont spécialistes d’une seule espèce de fleur. Par exemple, la Collète du lierre (Colletes hederae) est spécialisée dans la fleur de lierre, tandis que l’andrène vague butine principalement les saules (saule pourpre, saule blanc, saule marsault, etc.).
Andrène vague, Andrena Vaga, | Collète du lierre, Colletes hederae, © INPN |
Les pollinisateurs sauvages et l’Homme
L'une des principales relations entre l’homme et les pollinisateurs est l’apiculture, à savoir la domestication d’une ou plusieurs espèces auparavant sauvages, pour exploiter le produit de la ruche (miel, cire, gelée...). En France, on distingue principalement deux espèces d’abeille domestique : l’apis mellifera, et l’apis mellifera mellifera (plus noire), originaires d’Europe.
Apiculteurs © Actu Hauts-de-France
L’apiculture existe depuis des milliers d’années et permet de subsister aux besoins de nombreuses personnes. On compte en France près de 70 000 apiculteurs qui maintiennent en activité les abeilles domestiques, ce qui contribue à la pollinisation de nombreuses plantes.
Cependant, les bénéfices de l’apiculture ne doivent pas se faire au détriment de la biodiversité et de l’équilibre des espèces. Une ruche peut accueillir jusqu’à 80 000 individus en été, et ne favorise que quelques espèces domestiques en comparaison du millier d’espèces sauvages, qui sont pourtant indispensables à la pollinisation.
La disposition des ruches en trop grand nombre nuit à l’activité des autres pollinisateurs, notamment en raison de l’activité inégale entre les espèces domestiques et sauvages : moins corpulentes, les espèces sauvages se déplacent moins loin que les espèces domestiques. Le rayon d’action (distance maximale entre deux sources d’alimentation ou entre une source d’alimentation et un lieu de nidification) des espèces sauvages est de 100 à 300 mètres. En comparaison, le rayon d’action des espèces domestiques peut aller jusqu’à 3 000 mètres.
La disposition de ruches doit s’établir en fonction de l’ensemble des colonies déjà présentes sur le territoire. Des études indiquent qu'au sein d'un milieu urbain ou périurbain, il faut compter au maximum trois ruches au kilomètre carré, afin que les espèces domestiques ne rentrent pas en concurrence avec les pollinisateurs sauvages.
Les abeilles sauvages en danger en raison de l'activité humaine
L’UICN a mis en avant que, à l’échelle de la France, près de 40% des espèces d’abeilles sauvages sont en voie de disparition. Les principales causes de cette disparition sont la dégradation de leurs habitats, l’utilisation des produits phytosanitaires en milieu agricole et la concurrence avec les abeilles domestiques.
Les abeilles sauvages dans une Oasis Nature
Tout n’est cependant pas perdu, bien au contraire ! Il existe de nombreux moyens d'accueillir et favoriser la présence des pollinisateurs au sein de votre Oasis Nature.
Laisser des zones en libre évolution :
Les zones en libre évolution font office d’abris et de zones d’alimentation. Cette gestion différenciée permet le développement de la faune sauvage qui trouve dans les « herbes hautes » gîte et nourriture.
Semer les bandes fleuries avec des variétés vivaces locales : elles sont plus résistantes à leur territoire (hygrométrie, ensoleillement, climats, etc.) et offrent généralement plus de nectar aux pollinisateurs que les plantes ornementales.
Tonte différenciée © Jardinature.net
Laisser ou disposer du bois mort :
Cela permettra à certaines espèces de venir nidifier dans les trous. Une fois installés, les œufs vont donner naissance à des larves qui se développeront dans ces cavités. Comme évoqué, près de 30% des abeilles sauvages sont cavicoles.
Le bois mort constitue également un excellent garde-manger pour les larves de certains insectes pollinisateurs comme celle de la Cétoine dorée (Cetonia aurata) ou de la volucelle enflée (Volucella inflata), un membre de la famille des syrphes.
Abeille charpentière © INPN
Disposer de zones sableuses :
Conserver les zones de terre (plus ou moins sableuse) avec peu ou pas de végétation, permet à diverses espèces de venir y nidifier. Les abeilles creusent dans le sol pour y pondre leurs œufs dans les galeries.
Comme évoqué, près de 70% des abeilles sauvages sont terricoles.
Abeille sauvage terricole © Arthropologia
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Photo de couverture : abeille charpentière
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