Le martinet noir (Apus apus)
Publié le 26/06/2025
En cette fin de mois de juin particulièrement chaude, nous vous proposons de prendre un peu de hauteur et de légèreté avec le martinet noir. Souvent confondu avec l’hirondelle en raison de sa silhouette effilée et de son vol rapide, le martinet noir appartient pourtant à une autre famille : celle des apodidés. Parce qu'ils passent la grande majorité de leur vie en vol, le mois de juin est la période idéale pour les observer. Mais attention : il vous faudra lever les yeux bien haut dans le ciel pour les apercevoir !
Description
Avec une envergure de plus de 40 cm, on reconnaît facilement le martinet noir à son vol ultra-agile et rapide, mais aussi à son cri strident et perçant, une sorte de sifflement répétitif : srii-srii-srii-srii !
Uniformément brun-noir, parfois marqué d’une petite tache plus claire sur la gorge, le martinet présente une silhouette caractéristique : longues ailes arquées en forme de faux, corps fuselé et queue courte légèrement fourchue.
Martinet noir en vol, © LPO Aurélien Audevard
Ses pattes, bien plus courtes comparativement au reste de son corps, ne lui permettent pas de se poser sur un fil ou une branche, mais seulement de s'agripper maladroitement aux parois verticales.
Il peut atteindre une vitesse de 200 km/h en vol, ce qui en fait l’un des oiseaux les plus rapides du monde, et c’est loin d’être sa seule capacité ! En vol, il évolue entre 500 et 2 000 mètres d’altitude, et peut monter bien plus haut à la migration, jusqu’à 3 000 à 4 000 mètres.
Martinet noir perché © oiseaux.net
Écologie
Le martinet noir passe presque toute sa vie en vol. Il reste dix mois sur douze dans les airs, sans jamais se poser. Il mange, dort et même s'accouple en vol. Il ne se pose que pour nicher.
Pour dormir, le martinet prend de l’altitude et se positionne au-dessus des nuages, s’il y en a. Il pratique ensuite un sommeil uni-hémisphérique : une moitié de son cerveau dort, tandis que l’autre reste éveillée pour contrôler le vol et surveiller les dangers. La durée totale de son sommeil n’excède pas 2 à 4 heures par nuit, souvent réparties en plusieurs courtes périodes.
Ce type de sommeil est également observé chez certains cétacés (dauphins, marsouins, bélugas, etc.) ainsi que chez plusieurs oiseaux migrateurs.
Accouplement de Martinets noirs, © JF CORNUET
À l’origine, le martinet noir est une espèce dite « rupestre », qui niche principalement dans les cavités naturelles des falaises ou des parois rocheuses.
Au fil du temps, l’espèce s’est adaptée à l’urbanisation et nidifie aujourd’hui davantage dans les cavités des vieux bâtiments, à l’arrière des gouttières, sous les fentes ou dans les anfractuosités des toits.
Intérieur d’un nid de Martinets noirs, © LPO, photo Ferri Mauro
Migrateur, le martinet noir niche en Europe de mai à août et hiverne en Afrique, principalement en région subsaharienne.
La reproduction a lieu à partir de mai : un à trois œufs sont pondus, puis incubés pendant une vingtaine de jours. Les jeunes s’envolent au bout de 6 à 8 semaines et peuvent atteindre une espérance de vie de plus de 20 ans !
Colonies de martinets noirs © LRBPO
Son régime alimentaire est exclusivement insectivore. Il se nourrit principalement de ce que l’on appelle le « plancton aérien » : moucherons, moustiques, pucerons, petits coléoptères, et bien d’autres espèces formant des « bancs d’insectes » dans les airs.
Un martinet peut capturer plus de 20 000 insectes par jour pendant la saison estivale.
Le martinet noir et l’Homme
L’espèce est fortement impactée par l’urbanisation. Les rénovations thermiques et isolations des bâtiments extérieurs, ainsi que les nouvelles formes architecturales (murs lisses, toits terrasse, surfaces vitrées, disparition des tuiles, des corniches, des trous de boulin, etc), perturbent considérablement son habitat.
Photo © oiseaux.net, Jacques Rivière
Les conséquences sont la diminution drastique des martinets noirs : on estime que les populations ont baissé de 46 % entre 2002 et 2019 (données STOC-EPS).
Le martinet noir dans une Oasis Nature
Pour favoriser l’installation des martinets, il est nécessaire de conserver les cavités (loges et trous d’accès) dans lesquelles les oiseaux nichent. Il faut éviter d’entreprendre des travaux sur les façades occupées (réfection du crépi, colmatage des trous) pendant la saison de nidification, de la mi-mars à la fin août.
Nichoirs en béton de martinets noirs © LPO Paca
Il existe de nombreux modèles de nichoirs à martinets, certains étant même parfois intégrés directement aux bâtiments.
Pour installer un nichoir, il est nécessaire de respecter plusieurs règles :
- Dimension : longueur minimale de 30 cm et largeur/hauteur minimale de 15 cm, avec un trou d’envol de 60 mm de largeur par 30 mm de hauteur.
- Matériaux : bois brut non traité (type épicéa ou mélèze), ou béton de bois pour les nichoirs intégrés.
- Orientation : privilégier le Nord, l’Est, le Sud-Est ou le Sud-Ouest ; éviter le Nord-Ouest, souvent exposé aux intempéries.
- Espace libre autour : prévoir de 3 à 5 mètres dégagés devant le trou d’envol.
- Fixation : solide, avec des vis en inox ou des étriers robustes ; veiller à la stabilité, surtout en hauteur.
Nichoirs en bois pour martinets noirs © LRBPO, photo Bernard Genton
Il est préférable d’installer plusieurs nichoirs, car les martinets vivent en colonies et chaque couple construit son propre nid à proximité immédiate des autres.
Ils reviennent chaque année exactement au même site de nidification, parfois même au même trou, s’il est encore disponible !
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