Chouette hulotte (Strix aluco)

Publié le 24/11/2025

Tandis que les arbres des jardins et des forêts ont presque fini de perdre leurs feuilles et que de nombreux animaux entrent en hibernation, on entend toujours résonner au loin un « hou-houuu » profond. C’est la chouette hulotte ! Le mois de novembre n’est pas synonyme de repos pour elle ; il marque même l’allongement de sa période d’activité. Nous vous proposons d’en apprendre davantage sur ce rapace nocturne !

Description

De taille moyenne (environ 40 cm), avec un plumage moucheté variant du brun-gris au roux et un ventre plus clair, on la distingue des autres rapaces nocturnes grâce à sa silhouette trapue et à son « masque facial » très typique, en forme de cœur, marqué par de grands yeux noirs.

Hulotte avant la tombée du jour © Pixabay

Cependant, vous aurez peu de chances d’en rencontrer, car elle vit principalement la nuit. En revanche, vous pourrez facilement identifier son hululement résonnant, très caractéristique : le premier chant est une alternance de deux motifs « hou-houuu », et le second une montée progressive de quatre notes, la dernière étant légèrement tenue : « hou-hou-hou-houuu ».

Son activité débute généralement une trentaine de minutes après le coucher du soleil et se termine environ une trentaine de minutes avant le lever du soleil.

Elle possède des atouts majeurs, parfaitement adaptés à une vie nocturne et discrète. La structure de ses plumes absorbe et casse le bruit de l’air, rendant ainsi son vol presque totalement inaudible pour ses proies.

Plume de hulotte, détails des franges et du dessus duveteux © Alice Cibois

On distingue un bord présentant de fines digitations, semblables à des dents de peigne, qui permettent de couper l’air.

La surface supérieure de la plume (le vexille) n’est pas lisse comme chez les oiseaux diurnes : elle est recouverte d’un duvet dense et mat, qui absorbe les vibrations et atténue les sons.

Hulotte de nuit © 2025 Saint-Orens Nature Environnement

Sa vision nocturne n’est en réalité que très légèrement supérieure à celle de l’être humain. Elle peut en revanche compter sur ses facultés auditives, environ dix fois meilleures que celles de l’homme.

La disposition de ses oreilles, placées de manière asymétrique, ainsi que leurs structures internes, qui disposent d’un grand nombre de neurones dédiés à l’audition, procurent à la hulotte une excellente capacité de détection à distance des sons de basse fréquence. Elle peut ainsi entendre un mulot sous les feuilles mortes ou même sous la neige.

Elle chasse principalement à l’affût, perchée sur une branche à plusieurs mètres du sol, et capture une grande variété de proies : insectes, lombrics, musaraignes, batraciens, chauves-souris, poissons, écrevisses, campagnols, mulots, loirs gris, lérots, muscardins, belettes, oiseaux, taupes, rats...

Écologie

La chouette hulotte est le rapace nocturne le plus représenté en France, avec environ 260 800 couples estimés par la LPO en 2025. Elle est présente sur l’ensemble du territoire métropolitain, à l’exception de la Corse.

Répartie dans une grande partie de l’Europe ainsi qu’en Afrique du Nord et en Turquie, elle est toutefois absente d’Islande et d’Irlande.

Elle affectionne particulièrement les milieux forestiers, mais on la trouve aussi dans les parcs urbains, les jardins anciens ou les boisements bocagers, y compris en zone urbaine.

Hulotte dans une cavité d’un aulne © Pexels

La femelle choisit le site de reproduction parmi plusieurs options proposées par le mâle dès l’automne. L’emplacement idéal correspond à un trou de 1 à 3 mètres de profondeur dans un arbre creux, ou à de plus petites cavités auparavant utilisées par le Pic noir (Dryocopus martius).

La chouette hulotte ne construit pas de nid à proprement parler, mais elle aménage légèrement la cavité en creusant une sorte de cuvette.

Jeunes chouettes hulottes © Pixabay

Le mois de novembre marque le début des rencontres pour les nouveaux couples.

Les chouettes hulottes sont généralement fidèles à leur partenaire toute leur vie, qui peut atteindre une dizaine d’années en milieu naturel.

Le nombre d’œufs pondus varie en fonction de l’abondance des proies disponibles avant la ponte et des réserves accumulées en automne et en hiver. Il est même possible que le couple ne se reproduise pas si cette période a été particulièrement rude et que les proies venaient à manquer.

Les femelles pondent de 1 à 3 œufs, voire 5 lorsque les conditions sont favorables, et jusqu’à 4 à 9 œufs quand elles sont exceptionnellement bonnes. Seule la femelle couve, ravitaillée par le mâle, pendant une durée d’incubation d’environ un mois.

La chouette hulotte et l’homme

Aujourd’hui non menacée, la chouette hulotte a longtemps été considérée, à tort comme beaucoup d’autres chouettes, comme un « oiseau de mauvais augure » dans de nombreuses cultures européennes, où son chant nocturne était interprété comme un signe de malheur imminent.

Chouette hulotte © Pixabay

Ces croyances ont pu être alimentées par des écrivains ou poètes tels que William Shakespeare dans Jules César (Acte I, Scène 3) : « Et hier l'oiseau de nuit s'est abattu sur la place du marché, en plein midi, huant et criant ». Ou encore par le poète britannique John Ruskin, qui écrit : « Quoi que les sages disent d’eux, j’ai, du moins pour ma part, toujours considéré le cri de la chouette comme un prophète de malheur. »

Chouette hulotte en milieu rural © Pixabay

Ces croyances sont évidemment purement culturelles et symboliques, et non scientifiques. Au contraire, la chouette hulotte se nourrit de nombreux rongeurs, ce qui réduit la propagation de maladies, notamment en milieu agricole.

La chouette hulotte dans une Oasis Nature

Les chouettes hulottes sont confrontées à la réduction de leurs habitats, notamment des cavités situées dans les grands arbres feuillus, comme les chênes ou les hêtres anciens, qu'elles affectionnent particulièrement. Elles font également face à de multiples dangers liés à l’activité humaine : électrocution, empoisonnement, destruction des habitats, collisions routières…

Hulotte dans la cavité d’un vieux chêne © Pixabay

Pour favoriser la présence de la chouette hulotte, différentes actions peuvent être mises en place afin de préserver ou recréer les conditions qu’elle utilise pour nicher, chasser et se cacher :

● Conserver les vieux arbres, même morts, dont les cavités constituent l’habitat favori de la chouette hulotte.

● Maintenir les prairies, pelouses non tondues et haies diversifiées afin de favoriser l’abondance de ses proies.

● Installer un nichoir à chouette hulotte : prévoir un grand volume (40–50 cm de hauteur minimum), avec une entrée ovale ou ronde de 12–14 cm de diamètre, une inclinaison vers l’avant et un toit étanche pour éviter la pluie. Remplir le fond avec 5–10 cm de copeaux de bois (la hulotte ne construit pas de nid). Le placer entre 3 et 8 mètres de hauteur, dans un arbre ou contre un bâtiment calme, orienté à l’est ou sud-est (afin d’éviter les vents dominants).

● Proscrire l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, car ceux-ci empoisonnent les rongeurs dont se nourrit la chouette.

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