Pandémies : et si le virus, c'était nous ?
Notre ordre économique et social vient d'être ébranlé par une pandémie mondiale issue d'un virus qui circulait sans bruit dans les restes de forêts, où des animaux s'en défendaient grâce à l'évolution des défenses de leur organisme. Le virus s'est échappé par notre intrusion destructrice des équilibres dynamiques du vivant (déforestation, trafic d'animaux sauvages...). La densité urbaine, la pauvreté de certains et le monde en déplacement (marchandises, personnes) ont accompagné l'expansion mondiale. Pourtant, comprendre le vivant peut nous aider à survivre : en vaccinant le renard de la rage, il nous protège des surpopulations de rongeurs, donc d'émergences de la maladie de Lyme ; en protégeant hirondelles, mésanges, libellules et chauve-souris, nous aurons des alliés face au moustique tigre qui envahit la France depuis 2004, porteur de la dengue, du zika ou du chikungugna. Créer une Oasis Nature permet ainsi de protéger à la fois la biodiversité et votre santé ! Respecter 4 milliards d'années d'évolution, comprendre, c'est se donner les garanties de survie de la merveilleuse aventure humaine, une aventure de la vie. Humanité et Biodiversité : même combat !
Humanité et Biodiversité engagée depuis longtemps sur les enjeux de santé et biodiversité
Menant simultanément des actions de terrain en faveur de la biodiversité et des réflexions de fond sur les politiques publiques à mener, Humanité et Biodiversité est préoccupée depuis longtemps par les enjeux de santé en lien avec la biodiversité. Nous avons ainsi, en étroite liaison avec une association de médecins engagée pour la santé-environnement, l’ASEF, constitué un groupe de travail dédié à la relation santé-biodiversité (le « GT1 ») au sein du Groupe Santé Environnement (GSE). Ce groupe composé de 150 membres et sollicité par les ministères en charge de la santé et de l'écologie est un lieu de concertation pour préparer et suivre les plans nationaux santé-environnement (PNSE, institués par la loi de santé public de 2004).
C'est sur les origines de la pandémie d'une part, et les mesures à prendre à court ou moyen terme d'autre part, que notre association s'est penchée activement depuis deux mois avec ces groupes d'acteurs.
Déconfinement : trois propositions d'actions pour un usage maîtrisé des biocides et désinfectants
Suite à des travaux de fond sur l'antibiorésistance, c’est sur l’usage des biocides, en particulier des désinfectants, qu'Humanité et Biodiversité et ses partenaires ont réagi dans l’urgence, dans le cadre de l’actuelle crise du Covid-19, suite à l’avis du Haut Conseil de Santé Public (HCSP) du 29 avril 2020, en vue du déconfinement prévu le 11 mai 2020.
En effet, cet avis surinterprété par certains acteurs (privés, collectivités, etc.), peut mener à la généralisation de la désinfection sans discernement. C’est pourquoi Humanité et Biodiversité, l’ASEF et France Nature Environnement (FNE) ont alerté, le 11 mai, les ministres en charge de la santé et de la transition écologique, en proposant, sans attendre, trois fiches-actions en vue d'une réorientation dès que possible de l'usage des biocides et désinfectants). Il parait en effet essentiel d’accompagner sereinement, sur des bases scientifiques, la phase de déconfinement et le nécessaire nettoyage des établissements recevant du public, dans le respect de la santé et de l’environnement. Les trois partenaires attirent également l’attention des ministres sur les risques de rupture d’approvisionnement en substances désinfectantes pour les organismes qui en ont besoin pour une utilisation vitale, comme les hôpitaux pour la désinfection des salles d’opération par exemple, sans évoquer la chloration ou l'ozonation de l'eau potable.
Les trois propositions d’actions, décrites dans des fiches, sont les suivantes :
Maîtriser l’usage des désinfectants dans les établissements recevant du public (ERP) ;
Dépister et réduire les intrants biocides interdits dans les milieux récepteurs ;
Substituer les détergents biosourcés à ceux issus de la pétrochimie, actuellement largement utilisés (à ce jour, 97% du marché).
Substituer les détergents biosourcés à ceux issus de la pétrochimie, actuellement largement utilisés (à ce jour, 97% du marché).
Des actions d'approfondissement à mener avec la communauté scientifique et les pouvoirs publics
Dès juillet 2019, H&B, l’ASEF et FNE avaient fait des propositions dans le cadre du quatrième Plan national santé environnement (PNSE 4), parmi lesquelles :
un chèque agroécologique local, pour aider les plus démunis à accéder à une alimentation de qualité, issue de productions agricoles sans pesticides et locale ;
une gestion sereine des crises zoonoses, fondée sur des dispositifs d’analyses scientifiques et des concertations larges entre les acteurs concernés ;
la valorisation du concept de santé des écosystèmes et les facteurs influençant celle-ci, ainsi que leurs conséquences sur la santé, avec le renfort d’une politique d’éducation à la biodiversité et à la compréhension des services écosystémiques.
Ces propositions se fondaient sur les recherches et études menées par exemple par la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB), ou l’Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).
Il est essentiel, au vu de la crise actuelle, de prévoir la poursuite de ces travaux, dans une approche partenariale associant l’ensemble des acteurs, y compris le ministre de l’agriculture et de l’alimentation et ses services, pour la préparation et la mise en oeuvre des PNSE.
H&B, FNE et l'ASEF ont écrit à la Ministre de la Transition écologique et solidaire et au ministre de la santé le 7 avril 2020, pour demander la poursuite de ces travaux, sous forme d’un groupe de travail « une santé », traitant de la santé humaine, de la santé animale, de la santé des écosystèmes, dans le droit fil des engagements internationaux de la France pour la mise en oeuvre du concept « One World, One Health », porté par l’OMS, l’OIE et la FAO.
Ce groupe, sous des formes diverses (publications, colloques, etc.) pourrait être l’enceinte d’expression de tous les acteurs mobilisés sur la question des liens entre environnement et santé : scientifiques de tous horizons, notamment médecine (INSERM, etc.), agriculture (INRAE, etc.) et écologie (FRB, etc.), administrations (DGS, DGPR, DGALN, DGAL, DGRI, etc.), établissements de formation, agences (ANSES, Santé Publique France, OFB, etc.), académies (de médecine, de pharmacie, vétérinaire, etc.), élus nationaux et locaux, représentants de la société civile (ONG et partenaires sociaux).
La fédération des syndicats de vétérinaires de France a rejoint cette coalition, et nous avons écrit au ministre de l'agriculture le 5 mai 2020. Ensemble nous portons un projet de conférence annuelle sur ce thème clé "une santé", et des formations dédiées, adaptées pour les professionnels (médecins, vétérinaires, acteurs de la protection de la nature, ...).
Toutes ces réflexions et propositions s’appuient sur des réflexions de scientifiques de toutes disciplines, soit au sein du comité scientifique d'Humanité et Biodiversité (dont font partie les écologues Serge Morand, CNRS-CIRAD, Jean-François Guégan, IRD-INRAE, Hélène Soubelet, directrice de la FRB, Jean-François Sylvain, président de la FRB), soit du réseau environnement santé de FNE, soit du groupe de travail biodiversité que vient de créer l’académie vétérinaire, soit de l’ASEF ou d'autres organismes.
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