Le design en permaculture : un outil pour changer le monde

Vous avez certainement déjà entendu parler de permaculture. Mais savez-vous ce qu’est précisément le design de permaculture ? Le mot anglais « design » est difficilement traduisible en français : il s’agit à la fois d’aménager, d’organiser, d’agencer, de planifier. On parle en fait d’orchestrer la mise en place des éléments sur un lieu pour les harmoniser dans l’espace et dans le temps. Mais à quoi ça sert ?

Faire cohabiter efficacement humanité et biodiversité

La méthodologie de design en permaculture permet de concevoir des espaces sur lesquels les humains tirent l’essentiel de leurs besoins vitaux (se nourrir, se loger, se chauffer, etc) sans dégrader leur environnement, et même, en le régénérant. Comme l’agencement est très optimisé, on produit beaucoup sur une petite surface, on peut donc laisser les autres parties du foncier à la vie sauvage. Sur les lieux agencés en permaculture, la biodiversité sauvage et cultivée est mise à l’honneur, car plus le système mis en place est diversifié, plus il est résilient, comme dans les écosystèmes naturels !

La permaculture s’inspire d’ailleurs beaucoup de l’observation de la nature et des écosystèmes. Pour bien orchestrer les éléments d’un espace, on doit veiller par exemple à ce que chaque fonction soit assurée par plusieurs éléments du système. Dans la nature, par exemple, la fonction de pollinisation est assurée par les abeilles mellifères, la grande diversité des abeilles sauvages, les mouches, le vent, etc.

Pour reproduire ce principe dans notre écosystème cultivé, on veillera par exemple à ce que la fonction d’arrosage des espaces de culture soit assurée par plusieurs éléments : réserve d’eau de pluie, forage, eaux grises de la maison, etc. De la même manière, chaque élément doit remplir plusieurs fonctions. Par exemple, la phytoépuration va purifier les eaux grises de la maison, fournir du roseau qui servira à pailler le jardin, héberger les grenouilles qui se régaleront des limaces, etc.

En pratique, comment s’y prendre pour concevoir en permaculture ?

L’enjeu est de réfléchir l’agencement des éléments de notre système (habitation, serre, mare, arbres fruitiers, etc) pour en maximiser les interactions positives. Si le système est bien conçu, passée la phase d’installation, il demandera beaucoup moins de manipulations quotidiennes que si le placement des éléments n’avait pas été réfléchi. De plus, chaque design est unique ! Le design dépend non seulement du contexte (climat, orientation du terrain, circulation des eaux, etc) mais aussi des humains qui composent le système. C’est pourquoi il faut partir d’une réflexion sur nos activités : qu’est-ce qu’on souhaite faire sur le lieu ? Quels sont nos objectifs ? La méthodologie de design en permaculture est un outil éprouvé, des professionnels peuvent vous proposer un accompagnement pour vous approprier la méthode et être autonome.

Designer en permaculture, ça s’apprend

Bill Mollison, le co-fondateur du concept, a imaginé dans les années 1980 un format de stage de 15 jours, appelé « cours de conception en permaculture », pour apprendre les bases du design. Ce format de cours intensif existe dans le monde entier, et en France aussi ! Le site permaculto.fr recense les stages que vous pouvez suivre en France. Ce genre de stage vous permettra de démarrer sur votre lieu et d’avoir les bases dans plusieurs disciplines qui composent la permaculture : sol vivant, éco-habitat, cueillette sauvage, compostage, low tech, etc. Mais le plus important est de s’intéresser à un maximum d’exemples éprouvés et de cultiver sa curiosité pour les systèmes résilients !

Alors, prêts à changer le monde ?

Remerciements à Aurélie Monchany, adhérente d'Humanité et Biodiversité et fondatrice de Permagenta.