Le chat domestique (Felis silvestris catus)
Votre félin est-il un danger pour la biodiversité ? Si vous faites partie des heureux propriétaires d'un chat, vous vous êtes peut-être déjà posé la question... à juste titre ! En effet, même si on peine à imaginer notre paisible petite boule de poils dévorant l'une des mésanges du jardin, il ne faut pas oublier que les chats sont des prédateurs redoutables. Si votre animal a accès à l'extérieur, il vous a probablement déjà ramené une multitude de proies. La surpopulation de chats est donc une menace pour les animaux en voie de disparition, la petite faune sauvage en général et les écosystèmes tout entier. Retrouvez, dans cet article, tout ce que vous devez savoir pour améliorer la cohabitation entre votre chat et la petite faune sauvage de votre Oasis Nature.
Le chat, un petit prédateur aux capacités impressionnantes
Le chat domestique est une sous espèce de félin issue elle-même de la sous espèce du chat sauvage africain (Felis silvestis lybica), réparti en une cinquantaine de races constituées lors du processus de domestication débuté au Néolithique. L’homme a également réalisé des hybrides entre des chats domestiques et des petits félidés sauvages, comme le Savannah issu d'un croisement entre un serval - (Leptailurus serval ) - et un chat domestique.
Au total, on compte près de 500 millions de chats domestiques dans le monde dont près de 14 millions en France, faisant de lui l'animal le plus présent dans nos foyers.
Comme tous les félins, le chat est doté d’un corps fort et flexible, de dents pointues et de griffes rétractiles. Ses capacités physiques sont impressionnantes : il met 9 secondes pour faire 100 mètres et peut sauter 5 fois sa taille ! Des aptitudes qui font de lui une véritable machine à attraper et tuer des proies. Mulots, mésanges et autres petits animaux auront un peu de répit lors de ses siestes quotidiennes pouvant durer jusqu'à 18 heures.
Le chat est un carnivore ! Son système digestif est donc véritablement peu adapté à la diversité alimentaire, qui lui vaut généralement des diarrhées et vomissements. Grâce à son estomac de petite taille qui possède un pH très acide, il mastique peu ses proies. En revanche, il doit manger fréquemment mais en petites quantités.
Un chat pèse de l’ordre de 2,5 et 4,5 kg et mesure de 46 à 51 cm sans la queue, laquelle atteint une taille de 20 à 25 cm de long. Ce petit félin est un excellent grimpeur et, même s’il n’aime pas l’eau, il sait parfaitement nager. Sur la terre ferme, il se déplace sans bruit grâce à des coussinets élastiques sous les pattes. Pelage et couleur de robe du chat domestique sont d’une très grande variété à l’image des nombreuses races, variétés et hybrides créés.
Ses sens sont très développés. Son ouïe perçoit les ultrasons jusqu’à 50 000 hz. Sa vue est perçante avec un fort angle de vision (280°) adapté à la pleine lumière comme à la pénombre (il est nyctalope). Son odorat est 70 fois plus développé que celui des humains. Son sens du toucher est développé à la fois grâce à ses moustaches tactiles mais aussi par les coussinets de ses pattes.
Des travaux de recherches récents lui confèrent d’autres sens comme la faculté de goûter les odeurs dû à l’organe de Jacobson ou encore un sens aigu de l’équilibre lui permettant de toujours retomber sur ses pattes (organe vestibulaire).
Un chasseur solitaire très territorial
Le chat domestique est un animal pouvant vivre en groupe mais avec un comportement indépendant. C’est un chasseur solitaire, très actif à l'aube et au crépuscule. C’est aussi un animal très territorial ! Faire cohabiter plusieurs chats ensemble suppose une certaine organisation et des qualités d’observations et d’attention de la part du maître pour l’accès aux ressources (bacs à litières, gamelle d’eau et de nourriture…), l'accès aux espaces de repos, de jeu et extérieurs, et repérer les conflits entre individus et clans. Quant à la cohabitation entre chien et chat, elle est possible avec beaucoup d’éducation de la part de leur maître, sachant que plus les individus sont jeunes plus cette cohabitation sera aisée.
La communication du chat est complexe et passe par des vocalisations (miaulements, ronronnements, trilles, sifflements, grognements) et un langage par position corporelle spécifique, mais aussi par l’émission de phéromones qu'il sécrète et perçoit.
Felis silvestris catus utilise deux stratégies de chasse selon opportunité, nature des proies ou conditions créées par l’environnement du territoire :
- un mode de chasse à l’approche, comportant une phase d’approche de la proie, suivie d’une phase d’attaque
- un mode de chasse à l’affût (guet puis attaque soudaine et rapide), qui comporte toujours une pré-phase attentive d’observation et d’analyse immobile
Le chat, une espèce envahissante qui menace la biodiversité
Le chat a un fort taux de reproduction et vie en moyenne entre 12 et 18 ans. Une femelle met bas une fois par an pour une portée de 4 à 8 chatons. La chatte élève seule ses petits. Elle apprend aux chatons à se laver, se nourrir en leur apportant dès l’âge de quatre semaines des proies vivantes, puis à cinq semaines les initie aux rudiments de la chasse. La séparation de la famille se déroule à l’âge de six à huit mois.
C'est une espèce très adaptable, désormais présente sur tous les continents, sauf en Antarctique, et sur la plupart des principales îles, même les plus isolées comme les îles Kerguelen. La capacité du chat domestique à prospérer dans presque tous les habitats constitue une menace pour la conservation de la biodiversité et a conduit à son inscription dans la liste des espèces envahissantes.
Une étude SFEPM/MNHN indique que le chat domestique en France prédate principalement des mammifères (68 %), des oiseaux (23 %) et marginalement d’autres groupes (8 % de reptiles et 1 % d'insectes et divers). Il faut savoir que 56 % des proies en sont pas consommées ! Parmi les mammifères, ce sont la souris grise, le mulot sylvestre, le campagnol des champs et dans une moindre mesure les musaraignes qui sont les plus prisés. Pour les oiseaux, les espèces principalement chassées sont les mésanges, le merle noir et le rouge-gorge. Les rongeurs, jugés indésirables, représentent 55 % des proies.
Si son impact est important (selon différentes études et méthodes, un chat bien nourri peut capturer en moyenne 27 proies par an pouvant aller jusqu’à 1 071 pour un chat haret) dans l’éradication des petits passereaux, reptiles, écureuil, musaraignes. Il peut être très utile dans la maîtrise des populations de certaines zones où prolifèrent les lapins et les rongeurs. Le chat domestique entre également en concurrence avec les prédateurs naturels de la région, dont la survie est ainsi rendue plus difficile. Mais il a aussi été rappelé que ces populations domestiques de chats existent depuis déjà des siècles, sans que les équilibres naturels en aient été profondément affectés, ni qu’on puisse leur attribuer la disparition de telle espèce animale. Le point crucial dépend donc de la densité de population humaine elle-même, ainsi que l’augmentation du nombre moyen de chats par foyer humain.
Le chat est lui-même la proie de nombreux prédateurs comme le renard qui attaque les chatons. Plusieurs rapaces comme l’aigle, la buse ou le moyen et grand-duc consomment des chats. Des mammifères comme le loup et le lynx prédatent également des chats domestiques. Sachez que si votre chat trop curieux s’approche d’un terrier de blaireau ou du nid d’une martre, il risque fort de le payer de sa vie. Mais le plus gros prédateur des chats domestiques reste l’automobile !
Le risque est également de polluer génétiquement les races de chats sauvages locaux. En France, il existe le chat forestier Felis silvestris silvestris et le chat-renard corse dont on ignore encore si c’est une nouvelle espèce.
Le chat domestique et l'homme : une relation vieille comme le monde
C’est dans le Croissant fertile, il y a 10 000 ans, au début de la culture de céréales et à l’engrangement de réserves susceptibles d’être attaquées par des rongeurs, que débute la domestication du chat. Vénéré par les Égyptiens, diabolisé dans l’Europe chrétienne médiévale, synonyme en Extrême-Orient de chance et richesse, il gagne véritablement ses lettres de noblesse en tant qu’animal de compagnie au XVIIIe siècle. L’animal va profondément marquer la culture populaire et artistique, tant au travers des contes et légendes, que de la littérature, de la peinture ou de la musique.
On désigne aussi plus familièrement le chat par "minet" ou "minou", et la chatte par "minette". Un chat mâle non castré est un "matou". Le chat est aussi nommé familièrement "mistigri". En argot, on l’appelle un "greffier", peut-être car certains chats portent un plastron blanc sur le poitrail rappelant le rabat blanc de la robe noire des greffiers aux audiences. On appelle chat haret un chat domestique souvent abandonné par son maître et retourné à l’état sauvage ou semi-sauvage. Le chat de gouttière vit de façon plus ou moins indépendante des hommes mais se distingue du chat haret par le fait qu’il n’est pas retourné à l'état sauvage et vit plutôt en ville.
En Chine, au Vietnam et dans certains pays africains (Lesotho), on mange la viande de chat. En France, elle était consommée lors des temps de disettes comme lors du siège de Paris en 1870. Le chat était aussi exploité pour sa fourrure (interdite d’importation et d’exportation en Europe depuis 2008). Plusieurs études indiquent qu'il génère encore un marché important tant pour son élevage et sa vente en tant qu’animal de compagnie, que d’aliments pour chat, produits vétérinaires et dérivés (jouets pour chat).
Côté santé, certaines maladies du chat sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles sont transmissibles à l’homme. On citera la rage, la tuberculose, la toxoplasmose, les salmonelloses, la brucellose, des encéphalites et hépatites virales. Certaines maladies surviennent via des morsures ou griffures par transmissions de germes. Et le coronavirus ? Le chat en est atteint. Enfin, de nombreuses personnes sont allergiques aux poils de chats, notamment de certaines races. Contrairement aux idées reçues, l'allergie ne provient pas des poils des chats mais d'une exposition à des allergènes qu'ils produisent.
Outre son rôle sur les populations de rongeurs et la protection de nos récoltes et réserves, le chat domestique est bénéfique à notre bien-être et notre santé. Il aide certaines personnes, enfants notamment, à gagner en confiance en eux en les responsabilisant par la prise en charge de l’animal. Il offre sa compagnie aux personnes seules ; on pensera surtout aux personnes âgées. Le chat a aussi un effet relaxant, déstressant. Avoir un chat près de soi, caresser un chat, ralenti le rythme cardiaque, stabilise le rythme respiratoire, détend les muscles…
Le chat dans une Oasis Nature : comment préserver la biodiversité ?
L’instinct de prédateur du chat se traduit par le fait que, même parfaitement "domestiqué" et bien nourri, il ne renonce pas pour autant à tuer des proies autour de lui. Une population de chats anormalement importante (son nombre est défini par l’homme et non par les ressources naturelles offertes) peut donc exercer une pression sur la biodiversité anormalement trop forte, entraînant une prédation supérieure au renouvellement des espèces chassées sur son territoire.
Pour préserver les espèces animales de votre Oasis Nature, nous vous invitons à prendre des mesures pour aménager votre extérieur en conséquence et à encadrer l’activité de votre chat.
Aménagez votre Oasis Nature en faveur de la biodiversité :
- Maintenez des zones de hautes herbes et de haies denses pour que la faune puisse s'y cacher et empêchez le chat de passer ou de progresser en silence avec des buissons épineux, des dispositifs de type "grille stop minou" ou des entonnoirs pour bloquer la grimpe des troncs.
- Éloignez le chat de certaines zones en plantant des Coléus, de la Mélisse ou de la Rue officinale (plantes répulsives) ou en plaçant des répulsifs naturels qu'il faudra renouveler souvent (vaporiser un mélange d’eau/huile essentielle d’eucalyptus et citron).
- Placez vos nichoirs en hauteur, vos mangeoires ou abreuvoirs en suspension ou sur une longue tige. L'important est de ne pas nourrir au sol.
Encadrer l’activité de votre chat :
- Assurez une alimentation de qualité, en libre-service, sans oublier que le chat est essentiellement carnivore et a un fort besoin en taurine présent dans la viande. Ne pas lui donner une alimentation vegan.
- Jouez avec lui et offrez-lui des jeux pendant ses périodes de veille.
- Mettez-lui une collerette colorée en tissu (et non pas médicale) de type Birdsbesafe. Fixé sur un collier sécurisé, ce bandeau de tissu aux couleurs vives permet de rendre le chat plus visible et avertit les oiseaux de la présence de leur prédateur.
- Gardez votre chat enfermé à la maison un jour par semaine entre le 15 mars et le 15 juillet (période des jeunes à l’envol) et surtout après un épisode de forte pluie et au crépuscule.
Être propriétaire d'un chat : un engagement sur le long terme
Il est également conseillé, sauf si vous avez l’intention (et le moyen) de mener un élevage, de faire stériliser votre chat. Stériliser ou castrer son chat à l’âge de 6 mois est un moyen efficace pour lutter contre la prolifération, les abandons et donner plus de bien-être à nos chats. De plus, la stérilisation réduit les causes de cancers et diminuent les fugues.
Il est également primordial de le faire vacciner contre diverses pathologies.
Enfin, un chat doit être identifié selon le Code rural et de la Pêche maritime (Art. L212-10) : les chats doivent être obligatoirement identifiés (puce, tatouage…) préalablement à leur cession (vente, don…). Un chat ne doit pas errer (Art. L211-19-1 du même code) : il est interdit de laisser divaguer les animaux domestiques et les animaux sauvages apprivoisés ou tenus en captivité. Est considéré comme chat errant tout chat dont le propriétaire n'est pas connu, saisi sur la voie publique ou sur la propriété d'autrui, à plus de 1 000 mètres du domicile de son maître ou à plus de 200 mètres des habitations.
N'hésitez pas non plus en cas de difficultés rencontrées avec votre chat à contacter votre vétérinaire ou des associations comme la Société protectrice des animaux (SPA) et Trente millions d’amis ; elles vous seront de bons conseils.
Enfin, on rappellera qu’avoir un chat vous engage pour sa prise en charge durant toute la vie de l’animal et doit être le résultat d'une mûre réflexion avant toute acquisition. Pour concrétiser cet engagement et cette responsabilité, certains envisagent que les détenteurs d’animaux de compagnie comme le chat passe un permis. Une vraie question...
Photos : Pixabay
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