La pâquerette (Bellis perennis)
La pâquerette, littéralement « la fleur de Pâques », est une petite plante très rustique. Elle forme des touffes denses à souche vivace, de la famille des Astéracées (plus grande famille végétale comprenant près de 23 000 espèces) et appartient au genre Bellis. Considérée comme une indésirable par les amateurs de gazon anglais, la pâquerette a pourtant bien sa place au sein de nos Oasis Nature !
La pâquerette, une fleur des champs
La pâquerette est une plante herbacée vivace, haute de 4 à 15 centimètres dont la racine est un court rhizome formant un pivot. La tige simple et nue, est sans latex. Les feuilles velues, un peu épaisses, sont toutes en rosette et mesurent entre 6 et 40 mm de longueur et 4 à 20 millimètres de largeur.
La floraison a lieu toute l'année, même en hiver par temps doux, mais plus abondamment en avril, mai et juin. En périphérie, les fleurs à l’aspect de pétales, en forme d'une languette variant du blanc au rose purpurin, sont des fleurs femelles ou stériles. Celle du centre en revanche sont jaunes et hermaphrodites ou mâles. Du point de vue botanique, ce qu'on considère ordinairement comme une fleur de pâquerette n'est pas une fleur unique mais un capitule portant de très nombreuses fleurs. Les fleurs sont d'ailleurs bien adaptées à la pollinisation par les insectes et ont développé une stratégie de reproduction dite geitonogame (fécondation possible par une autre fleur du capitule). Au crépuscule, les limaces et les chevreuils n'en font qu'une bouchée !
On retrouver le fruit de la pâquerette sous forme de petits akènes (fruits secs de la plante abritant chacun une graine). Ceux du centre sont sans poils tandis que ceux du pourtour sont finement velus, à graines lisses peu visibles, et disséminés par le vent.
Une capacité régénératrice exceptionnelle
La pâquerette n'a peur de rien, pas même des herbivores qui la piétinent et s'en régalent dans les prairies pâturées où elle s'épanouit ! Grâce à sa rosette bien plaquée au sol et la capacité de régénération rapide de sa tige florifère, elle brave les multiples piétinements dont elle est sujette. Elle est également bien adaptée aux bords de chemins, aux pelouses urbaines et aux gazons tondus régulièrement. Appréciant particulièrement les sols humides et compacts toute l'année et les végétations rases et riches, elle cohabite avec les agrostis, le ray-grass, les plantains, la crételle des prés et les trèfles, formant une communauté végétale inféodée à ces milieux ouverts ras.
Cette espèce eurasienne, présente jusqu'à 2 500 m d’altitude, est très commune en Europe, en Afrique du Nord et en Asie.
Il existe une dizaine d'autres espèces de pâquerette comme la Pâquerette pappuleuse (Bellis pappulosa) espèce rare et protégée présente uniquement dans les prairies sèches de Poitou-Charentes, ou encore la pâquerette des bois (Bellis sylvestris) plutôt inféodée aux forêts.
Une petite plante élégante aux utilisations variées
On ignore l’origine de son nom scientifique Bellis perennis mais le plus souvent, on dit que son nom repose sur le mot latin bellus (« joli, élégant »), en référence à sa beauté. D'autres sources indiquent que son nom viendrait du mot latin bellum (« guerre ») du fait de sa capacité à pousser autrefois sur les champs de batailles et de sa vertu à traiter les ecchymoses et les blessures profondes. Une autre étymologie indique que son nom viendrait de Belenos, dieu celte. L'épithète perennis signifie pérenne, de per annos, à « travers les années », mettant en avant son côté vivace et rustique.
Son nom vernaculaire de pâquerette viendrait du fait que la plante fleurit essentiellement à la période de Pâques ou de l'ancien français « pasquier » désignant les pâturages en référence aux lieux où elle pousse. Son nom anglais de daisy, à l’origine du prénom, provient de day’s eye ou « œil du jour », qu'on doit au fait que la fleur s'ouvre le matin et se ferme le soir.
La pâquerette est bien utile à l'Homme ! Elle est dite bioindicatrice des sols en cours de décalcification et de lessivage. Se fermant pendant les averses, voire un peu avant, elle permettait de prédire la pluie dans nos campagnes.
En plus de sa capacité à prévoir la pluie et le beau temps, la pâquerette peut très bien finir dans nos assiettes ! Ses feuilles sont comestibles crues mais leur arrière-goût un peu âcre nécessite de le mélanger à d’autres plantes dans des salades composées. Elles peuvent également se préparer très finement hachées et mélangées dans de la crème fraîche pour former une sauce qui accompagne riz, poisson ou viande blanche. En Italie, on en faisant de la soupe lors des disettes. Les boutons floraux peuvent être utilisés crus pour décorer des sandwichs et se conservent bien dans du vinaigre à la manière des câpres. En faisant macérer les fleurs de pâquerettes trois jours dans de l’eau, on obtiendra une sorte de vin.
Le macérât huileux de pâquerette (fleurs de pâquerette macérées dans une huile végétale de tournesol) est riche en oméga 6 et donc réputé pour ses vertus tonifiantes, astringentes, assouplissantes et cicatrisantes.
La pâquerette est aussi très présente dans les médecines populaires traditionnelles. Fleurs et feuilles sont cueillies à l'échelle industrielle pour l'obtention d'une teinture mère homéopathique de la plante fraîche. En Autriche, les fleurs de pâquerette sont utilisées en infusion pour ses vertus gastro-intestinales et respiratoires tandis que la médecine chinoise l’utilise comme remède contre la toux.
Du fait qu’on la trouve dans des milieux ras, cette petite fleur des champs est à l ’origine de l’expression « au ras des pâquerettes » signifiant « au ras du sol » et, par métaphore « sans intelligence ». Elle est également souvent utilisée pour le jeu d’effeuillage de la marguerite car facilement accessible dans les lieux fréquentés par le public.
Dans la mythologie viking, la pâquerette est dédiée à Ostara, la déesse de printemps. Dans la tradition chrétienne, ses pétales symbolisent les larmes de Marie lors du voyage en Égypte. Le 24e jour du mois de ventôse est également dénommé "jour de la Pâquerette" dans le calendrier républicain.
Des pâquerettes dans votre Oasis Nature
La pâquerette est très facile à cultiver ! Elle pousse spontanément partout et ne réclame que très peu d’entretien. On ne lui connaît pas de maladies, ni d’insectes ou de parasites l’affectant. En pot ou en jardinières, les pâquerettes souffrent beaucoup de la sécheresse et ont besoin d’apports en eau réguliers. Elles résistent cependant très bien aux tontes répétées, même très rases dans un gazon, leur apportant une touche fleurie. Mais nous déconseillons cette pratique qui met à mal à la biodiversité de votre jardin !
Il existe maintes variétés cultivées aux couleurs diverses et variées et une "Pâquerette pomponette" à fleurs doubles en forme de pompon, aux pétales violets. Vous les trouverez en jardinerie et devrez les planter au printemps ou à l’automne en veillant à bien arroser en été pour une bonne reprise.
Les pâquerettes sont des espèces mellifères dont le cultivar ‘Bellisima’ est réputé pour attirer les papillons.
Certains plants de pâquerette peuvent décorer un mur mais on privilégiera une pâquerette d'un autre genre : la pâquerette des murailles (Erigeron karvinskianus).
On peut classer les cultivars de la pâquerette Bellis perennis en trois groupes selon la taille de leurs fleurs :
- Les Pomponettes : fleurs blanches, roses et rouges, globuleuses (cultivar ‘pomponette’, ‘rominette’...)
- Les pâquerettes à grandes fleurs : fleur roses saumon, roses, blanches à rouge carmin en fonction des cultivars (‘speed star’, ‘Robella’, ‘rubis’…)
- Les pâquerettes à fleurs monstrueuses : fleurs blanches, roses, doubles (cultivars ‘’Tasso’, ‘Bellissima’, ‘Habanera’…)
Blanche, rose, rouge... Vous l'aurez compris, la pâquerette décore avec brio nos pelouses, nos talus, nos massifs, nos jardins et même nos balcons ! Elles sont une plus-value pour la biodiversité locale de nos territoires en attirant abeilles, papillons, coccinelles, syrphes et autres insectes pollinisateurs. N'hésitez plus, faites entrer la pâquerette dans vos vies... et vos Oasis Nature !
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