Risque incendie en forêt : prévention, impacts et reconstitution
Publié le 18/09/2022
Comment prévenir le risque incendie en forêt ? Comment limiter les impacts des feux sur la biodiversité ? Comment accompagner la forêt pour l'aider à se reconstituer ? Suite aux épisodes de sécheresse et aux nombreux incendies déclenchés sur le territoire français cet été, Humanité et Biodiversité fait des propositions pour ne pas reproduire les erreurs passées.
Un constat alarmant qui appelle à l’action
- 50% des forêts métropolitaines seront soumises à un risque incendie élevé dès 2050
- Plus d'un million de tonnes de CO2 ont déjà été libérées par des incendies en France depuis le début de l'année 2022, alors qu'habituellement la moyenne à cette période se situe légèrement au-dessus de 0,5 million de tonnes, soit 2 fois moins.
- Nous faisons face à une mortalité croissante des peuplements forestiers et la baisse globale de leur productivité depuis deux décennies
Comment agir pour réduire le risque incendie en préservant la biodiversité ?
Au niveau de l’action publique nationale et territoriale :
- Dans le cadre du projet de loi de finances 2023, le budget dédié aux incendies en forêt doit être réorienté et doublé pour la prévention, comme le préconise le récent rapport du Sénat « Feux de forêt et de végétation : prévenir l’embrasement » ;
- Le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) qui sera élaboré en 2023 devra faire de la prévention du risque incendie en forêt un axe fort ;
- Il est nécessaire de renforcer la coordination interministérielle notamment via l’élaboration d’une stratégie nationale articulant prévention et sécurité civile et prenant en compte l’évolution des risques. L’amélioration des connaissances devra représenter un volet de cette stratégie afin de mieux évaluer les différents services (économiques, sociaux, environnementaux, etc.) rendus par la forêt ;
- Revenir sur la suppression des 500 postes prévues par le contrat Etat-ONF 2021-2025 ;
- Déployer les Plans de prévention des risques incendie de forêts (PPRIF) dans les 50% de forêts françaises à risque incendie élevé à horizon 2050 ;
- Réviser les plans de gestion des aires forestières protégées et les documents d’objectifs (DOCOB) des zones Natura 2000 en tenant compte de l’évolution du risque feux de forêts ;
- S’approprier les Solutions fondées sur la nature en forêt afin de définir la solution adaptée à l’échelle du territoire et sur le long terme.
En développant des techniques de gestion compatibles avec la préservation de la biodiversité :
- Préserver les vieilles forêts et les forêts subnaturelles via différents dispositifs (voir la note complète en fin d'article ;
- Dans le cadre de la révision des certifications de gestion durable des forêts (FSC et PEFC), renforcer la dimension prévention du risque incendie ;
- Restaurer une mosaïque de milieux intra-forestiers, ouverts et semi-ouverts : clairières, prairies, haies arbustives, etc. L’écopastoralisme (entretien de pâturages par l’élevage extensif) permet de limiter l’embroussaillement tout comme l’agropastoralisme, l’agroforesterie ou le sylvopastoralisme ;
- Travailler sur les interfaces entre la forêt et les zones urbanisées en maintenant le double équilibre de prévention du risque incendie et de limitation de l’artificialisation des sols : le débroussaillage manuel doit être privilégié et la mise à nue des sols évitée excepté près des habitations, des voies ferroviaires et des routes où il faut tout débroussailler. Ces zones pourraient d’ailleurs devenir publiques afin que le débroussaillage soit rigoureusement effectué. Il est également indispensable de ne pas construire dans les périmètres des PPRIF, ce qui s’inscrit d’ailleurs dans l’objectif de division par deux de l’artificialisation d’ici 2030.
Les actions suggérées dans les deux derniers tirets doivent toutefois faire l’objet d’un diagnostic préalable pour éviter de faire peser une pression d’herbivorie domestique trop importante sur les milieux et pour planifier les saisons d’intervention de sorte à ne pas impacter les cycles de vie d’espèces protégées (nidification, reproduction, etc.).
Il est également indispensable de formaliser des retours d’expérience.
Prévenir les incendies, c’est aussi prévenir d’autres risques naturels !
Les risques naturels influencés par les pratiques de gestion des forêts recouvrent quatre catégories principales : les risques liés à l’eau (inondation, érosion des sols et du trait de côte, sécheresse), les risques de mouvements gravitaires (éboulement, chute de pierres et de blocs, glissement superficiel et avalanche), les risques sanitaires (scolytes) et le risque incendie. Ces aléas ont des répercussions les uns sur les autres, on parle d’effets cumulés. A titre d’exemple, les incendies de forêt favorisent la prolifération de bioagresseurs et en éliminant la végétation qui protège les sols, exacerbent le déclenchement des glissements de terrains. De plus, les forêts assurent une fonction de protection générale puisque les conséquences de leur disparition ou de la réduction de leur surface entraînent une moindre régulation du régime hydrique, un amoindrissement de l’épuration de l’air ainsi que du stockage du carbone.
Les feux de forêt impactent toute la biodiversité, humains compris.
Les impacts sur la biodiversité (pollution de l’eau, de l’air, érosion des sols, destruction d’espèces, etc.) et sur l’homme des feux de forêt démontrent une nouvelle fois les interdépendances entre santé des hommes, des animaux, des végétaux et le fonctionnement des écosystèmes, ce qui appuie la nécessité de développer toujours plus la recherche interdisciplinaire et l’action interministérielle.
Comment agir après un incendie pour réduire les impacts sur la biodiversité et reconstituer la forêt ?
Améliorer le reporting des données et la connaissance sur les pollutions et leurs effets :
- Mieux comptabiliser toutes les particules polluantes relâchées lors du déclenchement des feux de forêt dans les bilans d’incendie et inventaires nationaux ;
- Mieux caractériser les risques sanitaires sur les populations et sur l’environnement.
Réaliser un diagnostic post incendie :
- Si un état des lieux est indispensable pour estimer les chances d’une reprise naturelle de la végétation et pour envisager une diversification de l’occupation des sols, nous recommandons d’observer la zone incendiée durant au moins une année avant de se lancer dans la reconstitution. Si la succession de recolonisation qui s’opère après l’incendie peut être utilisée par le forestier pour orienter son action, des choix précipités peuvent s’avérer inadaptés pour répondre au déséquilibre.
Des actions immédiates pour aider la faune sauvage en détresse :
- Installer des points d’eau en post incendie et soutenir les centres d’accueil de la faune sauvage ;
- Comme la faune survivante au feu ne pourra se concentrer que sur les secteurs épargnés, ces territoires présenteront l'apparente densité d'un stock en bon état de conservation. Cette apparence se révèle toutefois trompeuse et ne résiste pas aux prélèvements (chasse), menant ainsi à la raréfaction voire l'extinction de l'espèce. En attendant la reconstitution des espèces endommagées, nous recommandons la mise en place d’un moratoire sur la chasse.
Traiter les causes du dépérissement : reboiser dans une logique de gestion durable et d’adaptation locale sans omettre les capacités d’adaptation insoupçonnées des arbres
- Pour les forêts de plantation, quand la régénération naturelle n’est pas possible, il est nécessaire de reboiser avec des essences indigènes adaptées aux conditions locales et moins combustibles en termes de structure et de composition. Nous recommandons d’instaurer un seuil d’au moins 20% de feuillus autochtones et d’interdire la conversion de peuplements feuillus en plantations résineuses ;
- Il convient de diversifier les espèces car les forêts plus diverses sont plus résiliences aux changements climatiques. Toutefois, certaines combinaisons d’essences sont susceptibles d’accroître la sensibilité au feu, il est donc indispensable d’identifier les bonnes combinaisons et/ou de créer des ruptures verticales de combustible par évacuation de certaines espèces du sous-étage ;
- Il est primordial de prendre en compte l’évolution modélisée du climat sur des pas de temps cohérents avec le cycle sylvicultural ;
- Il ne faut pas oublier que les arbres disposent de capacités d’adaptation insoupçonnées quand leur environnement change ;
- Il est souhaitable de recourir de façon raisonnée à la migration « assistée » pour accompagner temporairement la migration d’essences indigènes qui ne parviennent pas à migrer aussi vite qu’elles le feraient naturellement dans un contexte d’accélération des changements climatiques.
Nous soutenons la multiplication des expérimentations sous certaines conditions !
L’expérimentation en écologie appliquée est une piste intéressante pour constituer des retours d’expérience, sous réserve qu’elle respecte les trois conditions suivantes :
- Il y a une maîtrise du dispositif, autrement dit, on peut arrêter l'expérience si cela s’avère nécessaire ;
- Le dispositif est statistiquement bien construit et permet d'obtenir des résultats (positifs ou négatifs) significatifs : existence de témoins comparables et non traités, répétitions, etc. ;
- Surtout, on ne fait pas de généralisation excessive des observations.
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