Planter 1 milliard d'arbres : fastoche pour la biodiversité !
Publié le 07/11/2022
Alors qu'Emmanuel Macron a annoncé le 28 octobre la plantation d’1 milliard d’arbres en 10 ans, Humanité et Biodiversité regrette que la biodiversité, primordiale dans la régénération des forêts, n'ait pas été au cœur de sa déclaration. Nous tenons à attirer votre attention sur les bénéfices limités des forêts de plantation, qui dépendent de plusieurs conditions.
Les geais, un planteur gratuit et efficace parmi de nombreuses autres espèces
En France hexagonale, on estime la population de geais à plus d’1 million de couples nicheurs, soit au moins 2 millions d’individus adultes. On peut considérer que chaque geai participe à planter minimum 2300 chênes par an[1], ce qui revient à un total d’arbres plantés par la population de geais de 4,6 milliards d’arbres par an, sans compter les mulots, écureuils et nombreuses autres espèces vivant dans la forêt qui contribuent très largement à la plantation d’arbres. Ces planteurs sont bien au-dessus des 100 millions d’arbres plantés chaque année à la demande du Président de la République !
Cette comparaison justifie le fait que les services rendus gratuitement par la biodiversité auraient mérité d’être mentionnés dans ce discours présidentiel, et ce, d’autant plus que la régénération naturelle permet d'accroître la diversité génétique et les capacités d'adaptation locale des arbres. À travers cet exemple, nos décideurs devraient comprendre que les Solutions fondées sur la Nature sont primordiales pour répondre à un double défi écologique et sociétal en préservant, en gérant durablement ou en restaurant la biodiversité.
Planter pour planter est une fausse bonne idée
Ce n’est pas forcément en plantant les arbres que l’on va diminuer le risque d’incendie en France mais plutôt en réfléchissant où l’on plante ces arbres et quelles essences et combinaisons d’essences l’on privilégie puisqu’une espèce n’est pas forcément adaptée au climat qu’il y aura d’ici 50 ans.
Il ne faudrait pas non plus convertir des milieux ouverts ou plus encore des zones humides en forêts de plantation car les zones humides, dont on a déjà perdu 84 % de superficie depuis le début du XXème siècle, stockent davantage de carbone et sur le plus long terme.
Nous recommandons la plantation lorsque la régénération naturelle n’est pas possible car les zones incendiées sont incapables de se reconstituer naturellement ou étaient peuplées avant l’incendie d’essences vulnérables aux changements climatiques.
Ces forêts de plantation doivent privilégier des essences locales adaptées aux conditions du territoire et peu combustibles en termes de structure et de composition. Il convient également de diversifier les espèces, car les forêts constituées d’une plus grande diversité sont plus résilientes aux changements climatiques (même si cela ne les protège pas des incendies car le facteur principal de propagation des feux est l’état de stress hydrique des arbres). Nous préconisons, quand cela est possible, un seuil d’au moins 20% de feuillus autochtones en accompagnement de la plantation, d’interdire la conversion de peuplements feuillus en plantations résineuses et d’identifier les bonnes combinaisons d’essence. Pour ce faire, le gouvernement dispose des conclusions des Assises de la forêt (mars 2022), en particulier les fiches actions 2-8 sur la commission scientifique essences d’avenir, 2-9 sur la production de matériel forestier adapté aux changements climatiques et 3-2 sur la recherche et développement sur les essences feuillues.
En savoir plus :
Photo : plantation Boiry GHFF 2016 ©P.Hirbec
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[1] Minimum admis de manière consensuelle dans différentes publications scientifiques
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