Un plan national loup qui facilite les tirs, c'est inacceptable !
Publié le 23/02/2024
Lors de sa présentation en septembre dernier, les associations de protection de la nature avaient alerté l’État sur le déséquilibre du Plan national d’actions (PNA) 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage. Malgré notre mise en garde, malgré les avis négatifs du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) et du Conseil Scientifique du Groupe national loup, l'État a soumis ce PNA à consultation publique. Pas moins de 13 000 avis, défavorables à plus de 80 %, ont montré un vaste attachement à un PNA équilibré, qui permettrait d'assurer la préservation du loup, tout en soutenant les activités d’élevage.
Or le PNA publié cette semaine est identique à sa version initiale. L’État n’a donc tenu compte d’aucun avis scientifique et ignoré les conclusions de la consultation publique. De ce fait, le plan contient de nombreuses inexactitudes et des affirmations mensongères, en particulier sur l’état de conservation de l’espèce en France, le bilan des dommages et les difficultés de l’élevage et du pastoralisme.
Nos associations regrettent l’absence totale d’évaluation du PNA précédent (2018-2023) et d’analyse de l’évolution de la situation en termes de :
- dommages,
- développement de la population de loups,
- valorisation des expériences de terrain favorisant la coexistence,
- baisse du nombre d’animaux d’élevage tués par rapport au nombre de loups présents.
Le gouvernement fait ainsi le choix délibéré d'utiliser les dérogations juridiquement prévues dans le statut de protection pour organiser sans l’assumer une véritable régulation du loup. Pour cela, il facilite les tirs, empêche le rétablissement d’une population viable de l’espèce sur son aire naturelle de répartition et décrète des zones de non-protégeabilité où les loups pourront être abattus même en l’absence de moyens de protection des troupeaux !
Enfin, l’État s’engage à agir pour une modification du statut du loup à l’échelle européenne, afin qu’il ne soit plus une espèce strictement protégée. Un comble dans un PNA, document qui, selon la définition du ministère de l’Écologie, vise « à assurer la conservation ou le rétablissement dans un état de conservation favorable d’espèces de faune et de flore sauvages menacées ». Pourtant, ce document ne mentionne que les impacts négatifs de la présence du loup et pas les bénéfices qu’elle apporte, notamment pour la régulation des populations d’ongulés nécessaire au bon renouvellement des forêts.
Humanité et Biodiversité regrette que le gouvernement s’obstine dans cette voie court-termiste de la régulation du loup qui ne répondra pas aux difficultés des éleveurs. Plus de 30 ans après son retour en France, il est temps d’admettre que le loup est présent pour longtemps, et va continuer à gagner de nouveaux territoires. Il est donc préférable d'anticiper et d'accompagner les éleveurs pour mettre en œuvre le triptyque de protection qui a fait ses preuves : présence humaine auprès des troupeaux, chiens de protection et clôtures. Le tir doit rester une option de dernier recours, et ne pas être l’alpha et l'oméga de la stratégie de l’État.
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Crédits photo : © vladimircech - Freepik
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