Liste rouge des espèces menacées : un bilan catastrophique

L'UICN vient, à l'occasion de la journée mondiale de la vie sauvage du mercredi 3 mars 2021, de publier un bilan des résultats de la Liste rouge des espèces menacées en France. Résultats : 187 espèces sauvages ont disparu et 20 % de ces espèces sont menacées de disparition, une espèce sur cinq est menacée d'extinction.

Pour les oiseaux, on est passé de 25 à 33 % d'espèces d'oiseaux nicheurs menacés entre 2008 et aujourd'hui. Des oiseaux jadis aussi communs que le moineau et le chardonneret sont ainsi sur la liste rouge en situation démographique défavorables. La population de Martinets noirs a diminué de 47 % en dix ans, c’est presque la moitié qui a disparu. Quand on regarde de près les résultats de cette étude, les espèces des milieux humides, notamment les poissons, les amphibiens et les crustacés d'eau douce, sont dans un sale état. Pour l'Apron du Rhône, un poisson qu'on trouve dans le fleuve Rhône, son aire de répartition s'est réduite de 90%.

Les raisons ? Elles sont bien connues :

• La destruction des habitats : on détruit toujours beaucoup trop de zones humides dans lesquelles on ne voit que des réservoirs à moustiques. Le développement de l’urbanisation, des infrastructures linéaires, des autoroutes, des voies ferrées, des parkings, des zones commerciales fragmente les espaces et fragilise les espèces (l’artificialisation des sols gagne en surface l’équivalent d'un département tous les dix ans !),

• Autre raison de ce déclin : l'usage des produits phytosanitaires dont on connaît le rôle néfaste sur la biodiversité et auxquels on a du mal à renoncer. Un usage qui perdure, insensé, car il n'augmente plus la productivité agricole, conduit nos paysans à vivre en dessous des minimas sociaux et ruine notre santé.

Bilan accablant qui vient corroborer déjà les tristes chiffres du rapportage Natura 2000 de 2019. Pourtant, les alertes des ONG ont été nombreuses, telle que la publication en 2020 du Livre blanc "Pour que vive la Nature" de 14 ONG, dont Humanité et Biodiversité. . Il est plus que jamais nécessaire de renforcer la protection et la conservation des milieux humides, un peu oubliées... À quand le Parc national zone humide, pourtant acté lors du Grenelle de l'environnement en 2007 et tombé aux oubliettes ?

On espère qu’à l'occasion de la nouvelle stratégie pour la biodiversité, les responsables ne nous sortent pas une énième stratégie illusoire, mais une stratégie efficace, qui puisse réellement stopper l'artificialisation des sols, la fragmentation du territoire et l'usage de produits destructeurs. La clé est de comprendre que la conservation de la biodiversité n'est ni un coût pour la société, ni une source d’ennuis venant de lubies d'écologistes, mais un investissement pour notre avenir, notre qualité de vie, le futur de nos enfants.

Il est important que les Hommes comprennent que, comme le disait le regretté Professeur Barbeau, nous faisons partie de ce tissu vivant qu'est la biodiversité. On le détruit, on assèche sa richesse, on la fait se simplifier et instaurer un nouvel équilibre réduisant de manière importante les bénéfices des nombreux services qu'il nous fournissait et que l'on ne retrouvera plus. Plus encore, nous accentuons la mise à mal de nos sociétés humaines présentes et à venir qui ne pourront pas s’adapter aux nouveaux équilibres appauvris que nous avons fait naître... Il est urgent de changer de direction pour changer d'avenir. Là est tout notre engagement au sein d’Humanité et Biodiversité. Rejoignez-nous !