Sur un balcon parisien, la biodiversité a toute sa place !
Publié le 24/09/2024
Depuis plus de trois ans maintenant, nous avons créé au fil du temps une Oasis Nature dans nos locaux du numéro 94 de la rue La Fayette à Paris. Balcon étroit, cela n’a pas été une épreuve facile au démarrage, mais comment pouvions-nous promouvoir notre guide Végétalisons nos balcons en laissant le nôtre vide de toute flore ? Pour ce portrait Oasis Nature du mois de septembre, nous avons donc choisi de vous conter l’aventure dans laquelle se sont lancés quelques salariés d’H&B pour lui donner vie !
Notre balcon parisien traverse l’étage que nous occupons dans toute sa longueur. Assez étroit, il fait un total d’environ 10m². Coincé entre les grilles en fer forgé et les murs de l’immeuble haussmannien, nous avons décidé de commencer à le végétaliser au mois d’avril 2021.
Tout a commencé par un timide pied de tomates-cerises, des primevères, des œillets, un jasmin blanc, du thym, du basilic, de la menthe verte et de la menthe poivrée, un tournesol, de la coriandre, une passiflore et deux pieds de lierre. Nous avons ensuite réalisé plusieurs boutures de lierre dont deux ont développé un système racinaire permettant de les planter dans de nouveaux bacs, de l’autre côté du balcon. Le but étant qu’au fil des années cette plante grimpante, qui filtre la pollution de l’air, pousse le long du fer forgé jusqu'à le recouvrir, offrant ainsi un refuge pour un tas de petites espèces.
Un pied de lierre issu d’une bouture se développe maintenant côté nord
Après cette première génération de plantations, nous souhaitions davantage de diversité et avons donc organisé une session d’échanges de graines avec les membres de notre Réseau Oasis Nature ! Nous recevions de la part des oasiens des sachets de graines prélevées directement de leurs Oasis Nature de partout en France, et les remerciions en envoyant des petits colis remplis d’autres espèces à planter. Tout cela nous a permis de rajouter une seconde génération de végétaux sur notre balcon : pois de senteurs, ancolies roses, blanches et violettes, pavots, coquelicots, roses trémières, tournesols, centaurées, zinnias, nigelles de Damas, capucines, monnaies du pape… Aujourd’hui, c’est plus de 30 essences floristiques que nous avons pu recenser au fil des années !
Les capucines, timides au début, ont fini par se développer dans trois bacs différents à une allure folle !
La zinnia a été la première espèce annuelle à fleurir sur notre balcon
Un grand merci, en particulier à Mme Laugt, qui nous a envoyé des milliers de graines récoltées
dans son Oasis Nature de Provence-Alpes-Côte d'Azur.
En parallèle, nous avons aussi fait des semis de potimarron. Malgré un début prometteur, ils n’ont pas assez grandi pour être comestibles, sans doute la jardinière choisie n’était-elle pas assez grande. Pour loger tout ce nouveau petit monde végétal, nous avons récupéré des jardinières de seconde main ou en avons bricolé avec des palettes en bois recyclées, reçues lors des livraisons de nos ouvrages imprimés. Puis nous avons enfin pu voir la faune arriver ! Des insectes d’abord : des syrphes, des bourdons, des guêpes, des fourmis, des cloportes, des perce-oreilles, des myriapodes, des abeilles, et même des coccinelles, qui ont fait de ce balcon leur terrain de chasse et de repos, leur endroit préféré étant les capucines, véritables plantes qui attirent les pucerons dont elles raffolent ! Ensuite sont venus les papillons, visiteurs hauts en couleurs, dont ce petit némusien...
Un némusien posé sur l'un de nos oeillets barbus
Potimarron à l’automne
Du côté des oiseaux, nous avons pu observer des mésanges bleues, des merles, des étourneaux, des moineaux domestiques, des pies bavardes, des corneilles noires et des pigeons ramiers qui viennent récupérer de quoi construire leur nid parmi les petits fagots de paille que nous avons fait des herbacées mortes de la dernière saison. C’est à ce moment que la troisième génération de plantes spontanées sont arrivées, ramenées par les fientes des oiseaux ! Outre la mousse qui a aussi fait son apparition dans certains bacs plus ombragés, c’est le règne des petits végétaux auxquels personne ne prête généralement attention (car l'inflorescence est toute petite ou très courte) qui est arrivé ! Iberis en ombelle, violettes sauvage, géranium mou, lamiers, mouron des oiseaux. Cette dernière, dont les oiseaux mangent les graines avec appétit, est indicatrice de sols fertiles bien équilibrés en azote et carbone, donc si vous en avez vous aussi dans votre jardin, c’est plutôt bon signe !
Le mouron des oiseaux pousse en tapis
Un couple de corneilles noires nous rend visite en hiver
Les ibéris ont fleuri !
Une Oasis Nature, c’est aussi de la sobriété, nous avons donc placé des petits bacs pour récupérer l’eau de pluie, et l’équipe s’est dotée d’un compost de cuisine, où elle y verse du marc de café, des restes de feuilles mortes et d’épluchures de repas, le tout étagé de Bokashi, un décomposeur naturel qui va détériorer la matière. Ce format de composteur offre plusieurs avantages : en plus d’être peu encombrant, il ne dégage aucune odeur et le jus ensuite récupéré et dilué avec de l’eau, sert de fertilisant à nos bacs. Nous le vidons deux à trois fois par an, au pied de nos plantations ou au fond de nouvelles jardinières à semer. C’est d’ailleurs juste après avoir effectué cette action que l’on voit, l’espace de quelques heures, de grosses mouches colorées, les coprophages, venir se régaler de cette matière dégradée, certes pestilentielle pour nous, mais savoureuse pour elles ! Ces observations nous ont d’ailleurs inspiré l’un des derniers Zoom Espèces mensuel. Rassurez-vous, l'odeur se dissipe rapidement grâce à leur travail de décomposeur et l'air extérieur !
Du bon jus de compost pour nos plantes !
Alors non, ce n'est ni un vaste jardin ni une forêt luxuriante, mais un coin de verdure bien apprécié par l’équipe de l’association, qui prend plaisir à y flâner pendant les temps de pause, perchés au-dessus des rues animées de la capitale.
Cet espace est une preuve qu'en milieu urbain, il est possible de vivre en harmonie avec la nature, d'accueillir et de protéger la biodiversité, même en ayant une petite surface. Vous aussi, créez votre Oasis Nature sur votre balcon !
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