Loup : l'État piétine les engagements internationaux de la France
Publié le 23/09/2025
[COMMUNIQUÉ DE PRESSE] Face à la décision du gouvernement de libéraliser les tirs sur le loup, au mépris des engagements internationaux et des données scientifiques disponibles, Humanité et Biodiversité s’associe à d’autres organisations pour dénoncer une politique qui menace la survie de l’espèce et l’équilibre des écosystèmes. Ensemble, nous appelons à la transparence, au respect du droit et à des solutions de coexistence réellement durables.
[COMMUNIQUÉ DE PRESSE]
TIRS DES LOUPS SANS CONTRÔLE
L'État piétine les engagements internationaux de la France
Après avoir obtenu le déclassement du loup sans avoir présenté la moindre production scientifique sur l'état de conservation de l'espèce dans notre pays, le gouvernement prétexte cette évolution du statut pour ouvrir les possibilités de destruction tous azimuts de loups, sans possibilité effective de contrôler le nombre d'individus tués. Cette orientation est en contradiction directe avec les engagements juridiques de notre pays, tant au titre de la Convention de Berne que de la Directive « Habitats ».
Pour rappel, le déclassement du loup s'accompagne de l'obligation pour les États de garantir la viabilité de l'espèce, et que les possibles mesures de « gestion » prises par les États restent compatibles avec le maintien de la population dans un état de conservation favorable.
Or déjà aujourd'hui, les estimations de la population en France pour les dernières années indiquent une stagnation du nombre de loups et même une légère baisse. Une étude récente réalisée par le CNRS, le Muséum et l'Office Français de la Biodiversité conclut à un risque important de baisse de la population si le niveau d'autorisation de destruction de loups actuel est maintenu. Selon cette étude, que l'État refuse de publier, la population est aujourd'hui « au seuil de mortalité supportable ».
Et c'est dans ce contexte que l'État choisit non d'encadrer mieux les tirs et de limiter le nombre annuel de destruction possibles, pour garantir l'état de la population, mais de libéraliser complètement les possibilités de tir. Il prévoit de passer d'un système d'autorisations par les préfets à un simple système déclaratif, ne reposant de plus sur aucune conditionnalité : pas de nécessité de protection des troupeaux, pas de prise en compte du niveau des dommages... en clair, l'ouverture d'une chasse aux loups.
L'État indique qu'il maintient un plafond annuel du nombre maximum de loups pouvant être tués. Mais il est dans l'incapacité de dire comment il pourra contrôler les destructions de loups, et donc très concrètement les moyens de faire respecter ce plafond annuel. Qu'est ce qui pourrait demain dans ces conditions limiter les destructions de loups à grande échelle ? Qu'est-ce qui pourrait permettre d'éviter la baisse annoncée du nombre de loups ? Et qu'est-ce qui pourrait permettre à l'État d'assurer qu'il garantit l'état de conservation de l'espèce ?
Pire : le gouvernement « réfléchit » à faire évoluer le régime de sanction concernant les destructions illégales de loups. Celle-ci, constituant des délits lourdement sanctionnés s'agissant d'une espèce protégée, pourraient relever demain de simples contraventions pour « atteinte non intentionnelle ». Comment donner plus clairement un signal incitant à plus de destructions ?!
L'ensemble des nouvelles mesures annoncées montrent clairement que la volonté de l'État est bien d'organiser une réduction drastique de la présence des loups en France, à l'encontre des engagements de notre pays à atteindre un état de conservation favorable de cette espèce protégée.
Le loup fait partie de notre patrimoine naturel commun. Sa présence apporte de nombreux services écosystémiques et elle est désirée par la grande majorité de nos concitoyens. Les difficultés créés pour les élevages par le retour naturel de l'espèce, qu'il est important de ne pas minorer, font l'objet de financements pour la protection et les indemnisations de dommages. L'État ferait mieux d'approfondir l'accompagnement des élevages en matière de moyens de protection plutôt que de se focaliser exclusivement sur des destructions qui n'empêcheront nullement des attaques. En toute logique, il pourrait décider de ne plus indemniser les animaux prédatés dans des élevages non protégés. Il n'en est rien.
Plusieurs de nos organisations, en partenariat avec des éleveurs, sont engagées dans cette voie et font la démonstration sur le terrain de l'efficacité du triptyque "présence humaine-clôtures-chiens de protection", dès lors qu'il est calibré et suivi au plus près des spécificités de chaque élevage.
Devant le refus de l'État de publier l'étude scientifique sur l'état de la population et l'impact des tirs, indispensable pour déterminer ce qu'il est possible de faire ou non dans les conditions postdéclassement, les organisations de protection représentées au GNL ne participeront pas à la réunion du 23. Prétendre conduire un dialogue en cachant des éléments de connaissance déterminants n'incite pas à croire au respect apporté par l'État à cette instance consultative.
Nous demandons à l'État de respecter les engagements juridiques de notre pays, de renoncer à cette politique néfaste et de reprendre complètement les dispositions qu'il a annoncées. Nous continuerons pour notre part à agir pour promouvoir la possibilité d'une coexistence entre l'élevage et la faune sauvage.
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Signataires :
Humanité et Biodiversité : Sandrine Bélier : 07.80.90.67.87.
FNE : Jean-David Abel : 06.77.04.23.30.
ASPAS : Jean-Jacques Ledrut : 06 56 69 03 61.
LPO : Yann Libessart : 06.18.75.67.87.

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