La forêt en France, ou ce que l'on croit qu'elle est /1
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Alors que la superficie couverte par la forêt progresse sur l’ensemble du territoire national depuis le milieu du XIXe siècle, celle des vieilles forêts reste très faible. Actuellement, les forêts matures peu ou pas exploitées, qui accomplissent la totalité de leur cycle, couvrent seulement 30000 ha de la surface forestière nationale évaluée à 16,4 millions d'hectares.
La forêt française, une forêt globalement bien gérée
Globalement, et si nous nous comparons à d'autres pays, la forêt française est plutôt correctement gérée. (Voyager est un excellent moyen de se rendre compte que dans de nombreuses contrées, occidentales ou du tiers-monde, la « nature ordinaire » est exploitée avec très peu d'égards, alors que dans ces mêmes pays, d'immenses Parcs Nationaux permettent à une nature choisie de resplendir pour la joie des visiteurs de tous bords).
Pourtant, à y regarder de plus près, nous pouvons ici aussi aller de surprise en surprise, et le chiffre annoncé en introduction en est qu'un exemple : A l'heure actuelle, malgré l'armada de statuts permettant de préserver de près ou de loin la richesse de nos territoires, la surface forestière efficacement protégée dans notre pays est dérisoire.
Une première observation découle de ce constat : Des espèces exigeantes en matière d'habitat forestier sont très faiblement représentées, et souvent en régression constante depuis plusieurs décennies, qu'il s'agisse d'oiseaux comme le grand tétras ou le pic à dos blanc, de papillons, de mousses, d'insectes, etc.
Mais quelle est donc cette forêt dont la superficie augmente ?
La surface forestière qui est en augmentation concerne principalement la recolonisation des milieux ouverts par des espèces pionnières en raison de l'exode rural et de l'abandon de pratiques traditionnelles qui en découle. C'est ce qu'on appelle actuellement la « fermeture des milieux », terme très péjoratif opposé à « l'ouverture » salvatrice, alors que la nature ne connait aucunement ces notions très anthropocentrées. Nous y préférerons le mot « recolonisation ».
La qualité écologique des forêts, quant à elle, n'est que très peu concernée par cette augmentation quantitative. Elle peut tendre vers une certaine maturité dans des massifs qui ne sont plus exploités, souvent en raison d'un éloignement rendant leur rentabilité trop aléatoire. Mais l'évolution qualitative se fait à l'échelle du temps forestier, bien plus lent que le temps de la vie humaine. Par exemple, une forêt qui n'est plus exploitée depuis les années 50, ce qui semble un passé fort lointain, va présenter de toute évidence des déséquilibres importants, une partie de son cycle ayant été tronquée : pas encore de bois mort sur pied par exemple, pas de gros diamètres d'arbres ou très peu de bois mort au sol. Il lui faudra des siècles pour retrouver une structure équilibrée.
D'autre part, dans de nombreux massifs, la qualité écologique des forêts régresse, parce qu'à l'ère de la productivité, il faut prélever lors des coupes un nombre très important d'arbres, ou planter en ligne ce que nous n'appellerons pas une forêt mais un « champ d'arbres ».
Comment fonctionne réellement une forêt ?
Il n'existe en France, 3ème pays forestier de la CEE en terme de surface, aucun grand ensemble forestier en dynamique naturelle, contrairement à d'autres pays européens comme notre voisin l'Allemagne.
Or, s’il est un écosystème qui a besoin de grandes surfaces pour pouvoir fonctionner, c’est bien la forêt : C'est un milieu mosaïque très diversifié qui, des milieux ouverts aux endroits les plus denses, ne ressemble absolument pas aux forêts exploitées aux futs sélectionnés et aux diamètres quasi identiques. Une forêt naturelle est un mélange d'espèces et d'âges, avec un fort volume de bois mort, en perpétuelle évolution. La perturbation est le moteur du changement : Episodes climatiques violents ou coups de vent mais aussi chutes d'arbres sénescents permettent aux jeunes individus de s'installer. Il serait prétentieux de chercher à expliquer le fonctionnement d'une forêt dans cet article, mais l'on peut dire qu'il s'agit d'une myriade d'interactions entre les espèces, champignons, plantes, arbres, mammifères, insectes, mousses et micro-organismes, en adaptation constante selon les fluctuations du milieu. La superficie joue un rôle prépondérant pour la complexité des processus d'interactions entre espèces, afin que s'accomplisse la totalité des cycles forestiers de manière équilibrée mais aussi pour la précieuse diversité génétique.
La forêt, un endroit de ressourcement
La forêt que l'on parcourt avec bonheur lors de la promenade dominicale, aux troncs bien droits qui s'élancent vers le ciel, est l'idée que l'on se fait de la nature, et d'un écosystème forestier naturel. Elle est en fait bien éloignée de la réelle nature forestière.
Parrallèlement, le ressourcement que l'on ressent en forêt exploitée n'a rien à voir avec les sentiments contemplatifs puissants qui peuvent nous toucher lorsque nous progressons dans une forêt « abandonnée » depuis plusieurs siècles.
Ce sujet passionnant sera plus amplement développé dans un prochain épisode.
Ci-dessous image extraite du site dédié aux vieilles forêts
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