Faut-il tirer les sangliers au-delà de la fermeture de la chasse ?
Les sangliers sont en surnombre dans notre pays et créent des dégâts. Leur surnombre est dû aux actions des hommes qui les ont favorisés. Pour revenir à un niveau de population acceptable, il est, à notre avis, malheureusement, indispensable de permettre le tir sélectif au-delà de la date de fermeture mais aussi et surtout de prendre certaines autres mesures (interdiction absolue de l'agrainage à poste fixe ou mobile par exemple). Une diminution des populations devrait alors se produire mais aussi de facto une forte baisse des occasions de tirs... On verra alors si les chasseurs sont les premiers écologistes ou simplement des adeptes du ball trap sur cible vivante.
Un surnombre dû aux actions des hommes qui crée des dégâts à la biodiversité
Les surpopulations de sangliers sont néfastes à la biodiversité. Il est important de rappeler que le surnombre de sangliers est provoqué par l'homme (les chasseurs veillent à maximiser des occasions de tirs en nourrissant les sangliers par l’agrainage et les agriculteurs ne se protègent pas assez) ; ces actions humaines sont amplifiée par la plasticité, la fécondité et l'intelligence de l'animal. Ce phénomène modifie de manière régressive l'état de conservation des populations (oiseaux nichant au sol, amphibiens, insectes…) et des habitats (chamboulement de la banque de semence au sol notamment sur les géophytes, impact sur les hyphes et l'ambiance mycorhizienne donc sur la régénération et la résilience naturelle de la flore...).
Le sanglier est aussi le vecteur et l'hôte de nombreuses maladies et parasites transmissibles à l'homme et aux animaux sauvages comme d'élevage.
Aujourd’hui, la population a atteint un tel niveau qu’une action est nécessaire pour la faire baisser, et l’on ne voit malheureusement pas d’autre solution qu’une augmentation du nombre d’animaux chassés, ce qui ne semble pas pouvoir être réalisé autrement que par une prolongation de la période de chasse.
Une prolongation de chasse qui doit être temporaire et « éthique »
Une telle prolongation devra être annulée dès que les populations reviendront à un niveau acceptable ; le département semble être l’unité géographique d'appréciation de ce niveau satisfaisant. En effet, d’une part, une période de chasse prolongée a des effets négatifs importants (quiétude des non-chasseurs, perturbation des autres espèces), d’autre part, il ne faut évidemment pas porter une atteinte excessive à cette espèce sauvage importante.
Par ailleurs, une chasse à objectif écologique doit évidemment respecter le plus possible la nature d’être sensible de l’animal chassé et les intérêts des autres usagers de la nature..
Les tirs effectués doivent donc respecter une éthique rigoureuse tenant en trois points :
- Pratiquer des modes et moyens de chasse respectueux de la sensibilité de l'animal (interdiction de la chevrotine – uniquement du tir à balles –-, nécessité de recherche systématique des animaux blessés – usage d'un chien de sang –, méthode de chasse /affut – tir fichant animal sur au moins ses trois pattes posées à terre –…)
- Respecter un jour sans chasse par semaine
- Respecter une distance de sécurité par rapport aux habitations.
Il sera nécessaire de faire preuve "d'éthologie" et déshabituer les sangliers de certaines pratiques qu’ils ont entreprises du fait de leur population excessive, comme par exemple continuer ce que la LPO fait à savoir mettre du répulsif autour des nids de busard, de gravelot …. pour que le sanglier apprenne à ne plus attaquer les nids ( on peut accéder à un financement N2000 si on est en ZPS et ZCS pour ce type d'opération, il ne serait pas sot que l'État les finance ailleurs).
Les agriculteurs devront également prendre des mesures dissuasives pour déshabituer les sangliers ( clôture, répulsifs, tirs de dissuasions …).
Ces mesures ne sauraient évidemment suffire si on ne s’attaque pas par ailleurs aux causes de la situation actuelle.
Des mesures indispensables pour que la situation ne se reproduise plus
Pour s'attaquer à la cause de cette prolifération, il convient d’interdire les pratiques comme l'agrainage et les repeuplements et relâchers en milieu naturel "ouvert".
En ce qui concerne les enclos d'élevage, nous pouvons au moins souligner la nécessité d'en limiter les effectifs (moratoire) et de ne pas en autoriser de nouveaux.
Les enclos de chasse sont à notre avis incompatibles avec l'idée même de chasse (rechercher, poursuivre et abattre un animal libre) et de respect de celui-ci.
Nous soutenons d'ailleurs la pétition de l'Aspas visant à interdire la chasse en enclos pour le sanglier mais aussi pour toutes les espèces.
Tout ceci doit s'accompagner de mesures coercitives (constatations par agents ONCFS, AFB et gendarmes et poursuites en justice).
Pour en savoir plus, consultez notre note de position "Trop de sangliers ?"
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