Réduction de l'usage des pesticides : pourquoi il faut conserver le NODU
Publié le 12/02/2024
On pourrait penser, ou prétendre, que le débat relancé par le Premier ministre pour répondre à la colère des agriculteurs entre le NODU (nombre de doses utiles) et le HRI (indicateur de risque harmonisé) n’est qu’un simple débat technique sur le choix d’un « bon indicateur ». Dans une note intitulée "La réduction de l’usage des produits phytosanitaires : pourquoi il faut conserver le NODU", Humanité et Biodiversité explique qu'en réalité, mettre en cause le NODU, c'est revenir sur le principe même de la réduction des usages des pesticides en agriculture, qui participe à la réduction des risques liés à ces produits. C’est donc indirectement remettre en cause l’existence d’un nouveau plan d’action dans ce domaine (Écophyto), dès lors que ces plans visaient une réduction de ces usages.
Pourquoi réduire les usages pour réduire les risques ?
Humanité et Biodiversité présente dans cette note les fondements de l’engagement pris en 2007 lors du Grenelle de l’environnement de réduire l’usage des pesticides. Nous montrons que cette option de réduire les usages résultait d’une analyse critique, à la fois globale et pragmatique, de la nature des risques que présentent ces produits pour la santé des humains et pour la biodiversité et, surtout, de la manière dont ces risques sont gérés concrètement. Cette analyse montre que la réduction des usages apparaît comme la manière la plus pertinente de réduire effectivement ces risques.
Pourquoi utiliser l'indicateur NODU ?
Dans un second temps, nous rappelons pourquoi l’indicateur NODU (Nombre de doses utiles), défini en 2009 et utilisé depuis en France, a été choisi de préférence au QSA (quantité de substances actives) pour mesurer cette réduction des usages. Il permet en particulier de corriger les effets de l’augmentation ou de la diminution de l’efficacité des produits autorisés.
Que penser de l'indicateur HRI ?
Nous analysons ensuite l’intérêt et les limites de l’indicateur HRI (indicateur de risque harmonisé) utilisé pour le rapportage européen. Nous soulignons qu’il ne prend pas en compte tous les éléments d’analyse de risque justifiant la réduction des usages, en particulier parce qu’il se base sur la seule évaluation a priori des risques de chaque produit, et avec une quantification de ces risques peu fondée scientifiquement. Nous montrons surtout que son évolution résulte essentiellement de la réévaluation des produits par les agences d’expertise, avec le retrait de certains d’entre eux, et non des efforts réels pour réduire les usages. Il apparaît donc inadapté aux objectifs et aux actions mises en œuvre par le plan Écophyto.
Pour Humanité et Biodiversité, le débat entre le NODU et le HRI n’est pas un simple débat technique sur le choix d’un « bon indicateur », mais remet en cause le principe même de la réduction des usages des pesticides en agriculture, et donc la poursuite des plans Écophyto.
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Crédits photos : Image par Fotokostic de Getty Images
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