Dites NON à la réautorisation des néonicotinoïdes
Avez-vous participé à la consultation publique sur le projet d'arrêté autorisant l’emploi de semences de betteraves sucrières traitées aux néonicotinoïdes ? Vous avez jusqu'au 16 janvier 2022 pour vous opposer à cette réutilisation infondée d'insecticides aux effets néfastes pour les pollinisateurs.
Après avoir obtenu une dérogation en 2021, les betteraviers français pourraient à nouveau utiliser des semences traitées aux néonicotinoïdes en 2022, pour une durée de 120 jours. Ces insecticides, interdits depuis 2018 en Europe, sont pourtant très néfastes pour les pollinisateurs. Ils sont composés de deux substances actives (imidaclopride ou thiamethoxam) interdites par la Loi pour la Reconquête de la Biodiversité, de la Nature et des Paysages en 2016. Selon le Gouvernement, c'est la solution pour sauver la filière française de la betterave qui "demeure économiquement fragile" suite à la prolifération précoce et importante de pucerons vecteurs du virus de la jaunisse qui a affecté la filière en 2020 et 2021.
Pour Humanité et Biodiversité, cette réautorisation est infondée.
Nous vous en parlions déjà en octobre dans notre Cahier de la biodiversité n°4 consacré aux « Néonicotinoïdes et compétitivité de la production française de betteraves ». Au-delà de ces considérations conjoncturelles, il existe un grand nombre de facteurs économiques qui affectent la filière betteravière française après la fin protectrice et rentière des quotas de sucre betteravier. C'est notamment le cas de l'augmentation de la concurrence au sein du marché intérieur de l’Union européenne, ou encore la concurrence d’autres produits sur le secteur du sucre. Nous pensons que ces données économiques, qui peuvent justifier une intervention de l’État pour soutenir temporairement la filière (dans les limites des règles communautaires et de l’OMC), apparaissent largement dominantes par rapport à la question d’un retour éventuel à des pesticides interdits. La démarche à mettre en œuvre dans ce cas est donc d’obtenir leur interdiction effective (sans dérogations) sur l’ensemble de l’Union Européenne, et non de les autoriser à nouveau.
Par ailleurs, il n’existe pas d’évaluation du rôle des pucerons par rapport à la sécheresse importante de 2020 dans la perte de rendement. À titre d’exemple, les producteurs belges ont estimé en 2018 que la sécheresse avait conduit à une baisse des rendement de 16 %. Même constat en France entre 2017 et 2018 où les rendements avaient diminué de plus de 13 % non pas à cause des pucerons mais du fait de la sécheresse. En 2020, ils ont même été excellents en Seine-Maritime malgré la présence de jaunisse et l'interdiction des néonicotinoïdes en raison de conditions météorologiques favorables.
Enfin, aucune donnée nouvelle ne vient remettre en cause la nocivité des néonicotinoïdes pour la biodiversité, bien au contraire. L’Anses n’a d'ailleurs pas été saisie par le ministère pour réaliser une nouvelle étude sur le sujet.
Face aux dangers que font peser les néonicotinoïdes sur la biodiversité, Humanité et Biodiversité vous invite à vous exprimer sur la consultation publique avant le 16 janvier 2022.
(Pour que votre avis soit pris en compte, évitez le copier-coller)
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