Biodiversité et agriculture : lettre au ministre de l'agriculture
Publié le 13/06/2022
Onze ONG actives dans le domaine de l’environnement, de l’agriculture, de la biodiversité et du bien-être animal, dont l’association Humanité et Biodiversité, ont été invitées le 7 juin par le nouveau ministre en charge de l’agriculture, Marc Fresneau, à une réunion d’échanges sur leurs principaux sujets de préoccupation. À cette occasion, le Président d’Humanité et Biodiversité, Bernard Chevassus-au-Louis, a remis au ministre la déclaration ci-dessous et en a présenté oralement les principaux points.
Monsieur le ministre,
Je vous remercie tout d’abord de cette invitation à un échange dès le début de votre mandat, en souhaitant que cette première rencontre initie un dialogue régulier et constructif avec le monde associatif.
À travers vos prérogatives, vous allez être amené à gérer les espaces agricoles, mais aussi les forêts, en particulier les forêts publiques, ainsi que les milieux littoraux, à travers les activités de pêche et d’aquaculture. Vous allez ainsi être responsable de la bonne gestion d’une grande partie du territoire national.
De nombreuses activités humaines, s’appuyant sur les ressources de ces milieux, sont concernées et il est normal que vous veilliez à ce que les personnes impliquées dans ces activités puissent vivre décemment. Je puis vous assurer que notre association partage cette préoccupation d’une transition écologique qui soit solidaire et ne crée pas de nouvelles inégalités.
Au-delà de ceux qui les exploitent économiquement, ces milieux sont aussi un patrimoine commun de tous nos concitoyens, mais aussi des générations à venir. Ils leur fournissent de multiples services écologiques – qualité de l’air, des eaux, du climat, santé, valeurs récréatives – qui contribuent à leur bien-être. Même s’ils ne sont pas pris en compte par le PNB, la valeur de ces services dépasse largement, selon de nombreuses études, la valeur des biens marchands tirés de ces milieux. Ce sera donc votre seconde responsabilité de veiller à leur préservation.
Outre les humains, de nombreuses espèces, animales et végétales, sont présentes dans ces milieux et ont besoin d’y trouver les conditions favorables à leur maintien. Or, vous le savez, la situation dans ce domaine est extrêmement préoccupante. Les pressions qu’exerce notre espèce sur ces milieux sont fortes, qu’il s’agisse de la destruction des habitats favorables, de la surexploitation de certaines espèces ou des multiples pollutions. Je ne citerai que les pesticides, qui, même s’ils sont considérés comme sans effets notables pour notre santé, ont, par définition, des impacts importants sur les espèces cibles ou non-cibles.
Ces pressions vont en outre s’accentuer : après avoir cru pouvoir se passer des ressources de la nature, notre espèce lui demande à nouveau de lui fournir plus de ressources, alimentaires ou non alimentaires, voire de contribuer à réduire l’ampleur des dérèglements climatiques qu’elle a générés. En outre, ces mêmes dérèglements climatiques vont, de multiples manières, renforcer l’effet des pressions que nous n’aurons pas maîtrisées. Nous attendons donc de vous une contribution active à cette préservation et à cette restauration de la biodiversité, celle des espèces sauvages mais aussi celles des espèces animales et végétales que nous utilisons. Comme nous aimons à le dire dans notre association, nos destins sont liés : le devenir de la biodiversité est, de fait, entre nos mains et le destin de notre humanité dépendra de ce que nous ferons de la biodiversité.
Cette responsabilité de gestion durable de notre territoire, vous allez l’exercer conjointement avec d’autres ministres, au premier rang desquels la ministre de l’écologie. Cette transversalité peut être l’occasion de synergies fructueuses mais aussi, nous en avons eu souvent, hélas, l’expérience, d’affrontement stériles. Vous allez également agir à travers des établissements publics dont vous exercez la tutelle, en particulier l’ONF et l’OFB. Nous sommes particulièrement attachés à ces établissements qui disposent de compétences et d’expériences précieuses mais ne disposent pas aujourd’hui de moyens suffisants pour répondre à tous ces enjeux de la transition écologique.
Alors, Monsieur le ministre, nous comptons sur vous pour relever tous ces défis. Vous pourrez compter sur notre soutien et nous sommes prêts à approfondir ce dialogue sur des sujets concrets.
Bernard Chevassus-au-Louis, Président d'Humanité et Biodiversité
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