Sondage : les Français et la police de l'environnement
Publié le 07/07/2025
Lors d’un colloque au Sénat intitulé « La police face à l'urgence écologique », le 25 juin dernier, l’institut Toluna-Harris Interactive présentait les résultats de l’enquête que l’Office français de la Biodiversité (OFB) lui avait confiée. Il ressort globalement que la société française plébiscite sa police de l’environnement, laquelle bénéficie d’une image très positive. Si elle réclame davantage de contrôles, les agriculteurs ne sont pas cités comme étant la cible prioritaire.
Cette enquête a été réalisée en ligne par l’institut Toluna-Harris Interactive, du 22 au 26 mai 2025, auprès d’un échantillon de 2 072 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas, en fonction du sexe, de l’âge, de la catégorie socio-professionnelle, de la taille d’agglomération et de la région de résidence des personnes sondées.
Cette enquête permet, de manière documentée, de répondre à certains messages diffusés sur les réseaux sociaux et dans les médias, qui estiment que la police de l’environnement est trop répressive. Elle permet d’évaluer les préoccupations, la connaissance ainsi que les attentes du public à son égard.
Comme l’indiquent plusieurs sondages réalisés ces dernières années, l’environnement et les changements climatiques restent, pour les Français, une préoccupation majeure. Ce sondage vient confirmer et préciser cette préoccupation, avec un niveau d'inquiétude supérieur à 80% : 91% pour la pollution de l’eau, 89% pour la destruction des forêts, et 87% pour la disparition d’espèces animales à égalité avec la pollution de l’air. Ces résultats contredisent le débat public actuel alimenté par certains discours, et qui tend à minimiser l'importance des enjeux environnementaux, alors que ces derniers restent une source de préoccupation majeure pour un Français sur deux.
Autre point important de ce sondage : 59% des Français estiment que l’environnement est mal protégé aujourd’hui, avec une inquiétude plus marquée encore pour les milieux aquatiques (92%), les mers et océans (70%) et les cours d’eau (65%).
Pour 51% de nos compatriotes, ce sont avant tout la négligence et les mauvais comportements individuels qui freinent la protection de l’environnement. Ils précisent toutefois que, concernant leur comportement personnel, ils s’attribuent une note moyenne mais positive de 7,7/10. Parmi les autres freins viennent ensuite le poids des intérêts économiques et financiers (43%), puis le manque de contrôles (35%) et de moyens dévolus, qu'ils soient financiers (32%) ou humains (22%). À noter que la complexité des lois, normes et règles est considérée comme un frein supplémentaire (30%) mais jugée toutefois nécessaire à 93%. Ainsi, et même si 86% des sondés ont le sentiment de savoir quoi faire lorsqu'ils sont dans la nature, la protection de l’environnement reste perçue comme étant l’affaire de tous, des individus à l’Etat, et suppose une prise en compte collective.
Si 72% des Français estiment que les règles sont mal respectées, 43% d'entre eux considèrent même qu'elles ne sont pas assez nombreuses. Certes, 16% estiment qu’elles sont justement trop nombreuses et 19% jugent la situation satisfaisante, mais il ressort surtout que la majorité considère qu’il n’y a pas assez de contrôles (66%).
En présentant des photos d’agents de la police de l’environnement dans l’exercice de leurs fonctions, seulement 13% des Français se déclarent certains d’en avoir déjà vus (et 24% le pensent sans en être tout à fait sûrs). La diversité des intervenants exerçant une mission de police de l’environnement n’est pas forcément bien identifiée. L’Office national des forêts (ONF) arrive en tête avec 60% des citations lorsque tous les autres acteurs sont cités par moins d’un Français sur deux (49% chacun pour l’OFB et les garde-côtes).
Parmi les 90% de personnes ayant entendu parler de la police de l'environnement, cette dernière bénéficie d'une bonne image. Un résultat à nuancer par un degré de connaissance perfectible. En effet, 53% estiment que l’existence d’une police de l’environnement chargée de protéger les milieux naturels et sanctionner les atteintes à l’environnement et à la biodiversité est une bonne chose. Qui plus est, une majorité la juge très bonne, voire indispensable d'une manière générale (89%) et en particulier pour la biodiversité (87%) et l’intérêt général (86%).
Les missions jugées prioritaires sont celles centrées sur la protection des espaces naturels, des milieux aquatiques et de la faune sauvage (avec un niveau de priorité avoisinant les 80%), la lutte contre le braconnage (prioritaire pour 75%) et la sanction des atteintes à l’environnement (70%). On notera à cet égard que les Français pensent que la police de l’environnement a vocation, avant tout, à contrôler les chasseurs (71%), les citoyens pratiquant une activité de loisirs dans la nature (66%) et les pêcheurs de loisir (65%). Néanmoins, les Français sont nettement plus nuancés sur le fait que cette police de l’environnement soit proche des gens (65%) et efficace (63%), et seule une minorité d’entre eux (36%) pensent qu’elle a suffisamment de moyens pour remplir ses missions et qu’elle est bien connue du grand public (33%). Une forte légitimité de principe se dégage de ces résultats, notamment sur les actions au profit de la Nature mais avec un déficit de proximité, et des doutes sur les moyens et l’efficacité de ces actions.
En conclusion de l’étude, 79% des Français pensent que la police de l'environnement devrait procéder à davantage de contrôles (un score encore plus important parmi les plus âgés et les habitants de zones rurales). Neuf Français sur dix (92%) affirment qu’ils accepteraient d’être davantage contrôlés, dont 75% précisent que ces contrôles ne leur posent aucun problème. Un score plutôt élevé à mettre en parallèle avec le sentiment, évoqué plus tôt, selon lequel une majorité de citoyens considèrent adopter, à titre personnel, un comportement respectueux de l’environnement dans les milieux naturels qu’ils fréquentent. Les Français souhaiteraient en priorité un renforcement des contrôles envers les industries (78%), les chasseurs (69%) et les entreprises de services (63%) et se montrent moins affirmatifs en ce qui concerne les agriculteurs (52%).
La préoccupation des Français pour la préservation de l’environnement et le soutien aux missions de police ressort de ce sondage de façon très homogène, et ne souffre d’aucun clivage selon l’âge, les catégories socioculturelles ou, plus surprenant, selon les zones géographiques : les habitants des zones rurales sont 93 % à penser qu’il faut renforcer la protection de l’environnement, un taux comparable aux grandes villes (92 %) et à Paris (90 %). Les ruraux sont les premiers à demander davantage de contrôles (82%), loin devant les habitants de la région parisienne (71%).
En revanche, deux points importants ne sont mis en lumière dans ce sondage :
- Le problème du port de l’arme de service par les agents, qui peut choquer lors de certains contrôles administratifs, notamment ceux menés au sein des exploitations agricoles.
- Le fait que les personnels de la police environnementale réalisent également des actions de sensibilisation et d’éducation à la biodiversité et qu’ils soient actifs dans la surveillance de l’état de la Nature (signalement d’espèces invasives, comptage et repérage d’espèces menacées, évaluation sanitaire des écosystèmes, de la faune, de la flore et de la fonge), et ce en complémentarité avec les associations clés de voûte de ces actions. La surveillance de l’environnement n’est pas donc pas limitée aux questions juridique et policière.
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Pour aller plus loin :
• Rapport Toluna-Harris-Interactive Police de l'environnement (PDF à télécharger)
• Sondage "La police de l'environnement face aux Français"
Photo de couverture :
Mission de surveillance. Crédit photo : Philippe Massit / OFB

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