Apprenons à vivre avec les petits prédateurs
Publié le 16/01/2023
Blaireau, putois, renard, fouine, martre, chien viverrin, belette… Chaque année, les préfets fixent pour leur département une liste d’espèces susceptibles d'occasionner des dégâts (ESOD), remplaçant depuis la Loi biodiversité (2016) les dits « nuisibles ». Ces espèces peuvent alors être piégées toute l'année et tirées hors période de chasse. Pourtant, la recherche en biologie a démontré que chaque espèce a un rôle au sein de l'écosystème dans lequel il vit. Il ne s'agit pas de nier les problèmes et les dégâts que peuvent occasionner ces animaux, mais bien de les regarder d’un autre œil, dans le but de coexister. Découvrez comment vivre avec ces petits prédateurs au sein de votre Oasis Nature !
La prédation sur la faune sauvage, quoi de plus naturel ?
Un prédateur est un animal qui en tue un autre pour le consommer ou pour nourrir ses petits. Les prédateurs sont nombreux dans la nature, comme l’hirondelle qui se nourrit des insectes, le hérisson qui mange des vers de terre et bien sûr tous les petits carnivores que nous allons évoquer dans cet article.
La prédation joue un rôle essentiel dans le fonctionnement et la régénération des écosystèmes : dans un milieu sans prédateur, les herbivores deviennent trop nombreux et épuisent les ressources alimentaires indispensables à leur survie. Cela fragilise les milieux si ces populations ne sont pas régulées par les prédateurs. Ces derniers pratiquent « la loi du moindre effort » car ils capturent en priorité les animaux faibles ou malades, jouant ainsi également un rôle sanitaire important. Cette capacité animale à choisir en priorité les proies malades surclasse bon nombre de pratiques de chasses non sélectives contre lesquelles notre association Humanité et Biodiversité se bat.
Un animal herbivore sera mangé par un carnivore, qui sera lui-même mangé par un autre... Toucher à un maillon de cette chaîne, c'est affecter toute la chaîne et donc déséquilibrer les écosystèmes.
Actuellement, la prédation comme celle du putois ou de l’hermine par exemple, s’effectue en grande partie sur les petits rongeurs, ce qui représente une aide pour l’agriculture.
Enfin, sachez que dans un milieu non perturbé par l’homme, un prédateur ne parviendra jamais à tuer la totalité des espèces qu’elle prédate.
L'homme et les petits prédateurs
Les reproches faits aux petits prédateurs sont de plusieurs types : prédation sur la faune domestique (renard, fouine…), dégâts sur les cultures (blaireau), dégâts matériels comme pour l’isolation dans les greniers ou avec des terriers « mal placés », prédation sur la faune sauvage, transmission de maladies. Mais force est de constater que les problèmes posés par les petits prédateurs sont largement surestimés !
Concernant les maladies, elles très peu sont transmissibles à l’homme, et quand elles le sont, c’est souvent par contact direct ou via les excréments. Et rappelons que nos chats et nos chiens peuvent être porteurs des mêmes maladies, et leur contact est bien plus probable qu’avec la faune sauvage.
Concernant la prédation des petits prédateurs sur les élevages, aucune étude n’a pu montrer un impact économique fort. De plus, le renard est certes concerné, mais le chien domestique l’est tout autant ! Il n’en reste pas moins que sur des élevages familiaux, les pertes imputées au renard (ou à la fouine) peuvent être certes une gêne réelle, mais que la solution ne passe pas par le tir, car un autre renard viendra occuper son territoire.
Quelles solutions ?
- Des solutions préventives peuvent vous prémunir contre les désagréments que peuvent ponctuellement causer ces espèces.
- Poulailler bien conçu, poules protégées : pour dissuader le renard et la fouine, rien ne vaut un bon poulailler pour regrouper les poules la nuit. Installez un poulailler hermétiquement clos avec un grillage d'une maille de 2,5 cm enterré dans le sol (voire avec une pose de dalles en dur tout autour du poulailler), et d'au moins 1,5 m de haut avec retour vers l'extérieur. Les piquets de soutien doivent être à l'intérieur du poulailler.
- Pour vous accompagner, en cas de dégâts d’un blaireau par exemple, n’hésitez pas à identifier si des médiateurs faune sauvage se trouvent dans votre région : ils pourront vous apporter une expertise et des conseils pour permettre une cohabitation sereine.
- Pensez à des répulsifs : on en trouve dans le commerce contre les prédateurs et ceux vendus contre les chats et les chiens sont aussi efficaces contre la faune sauvage. En milieu clos, vous pouvez aussi mettre des chiffons imbibés de parfum « bas de gamme » pour les repousser. Rien n'est efficace à 100%, mais n'oublions pas que ces animaux sont aussi des auxiliaires qui vous débarrasseront des petits rongeurs et qu'ils sont indispensables au fonctionnement de la nature !
« À nous de trouver des solutions qui nous permettent de coexister avec les espèces animales qui assurent les équilibres naturels aussi essentiels pour nous que pour tous les autres organismes vivants. Il suffit d'être plus malin que le renard en maraude pour défendre le poulailler ».
Hubert Reeves Président d’honneur d’Humanité et Biodiversité
Offrez donc aux petits prédateurs un espace de nature où l’on ne chasse pas, en acceptant notre Charte Oasis Nature et rejoignant notre Réseau. Si vous faites déjà partie du Réseau, partagez cet article à vos proches susceptibles d’être intéressés, et n’oubliez pas d'adhérer et réadhérer à notre association chaque année pour nous soutenir. Si votre terrain se situe en zone ACCA, une Foire Aux Questions (FAQ) est à votre disposition !
Panneau "Ici on ne chasse pas" réservé aux membres du réseau Oasis Nature,
disponible sur notre boutique en ligne.
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Photo article : collaboration entre un renard et deux blaireaux
Photo 1 : martre - Martes martes (Linné, 1758)
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